Après avoir vu Marvel pomper DC en livres brochés, c’est au tour de DC de copier Marvel au cinéma en tentant un univers étendu. Si la société de production rachetée par Disney a plutôt bien tenu le coup dans ses trois premières phases et 23 films (The Infinity Saga), affichant cohérence et fil conducteur solide chaque fois qu’un nouveau personnage était présenté, force est de constater que les créateurs de l’univers cinématographique DC n’ont pas les même qualités scénaristiques : il est difficile de trouver ne fût-ce qu’un fil rouge dans des productions très diverses où les cross-over sont finalement assez rares.
Et c’est tout le défaut de ce film-ci où l’on se demande quel est le rapport entre Black Adam et Shazam (si ce n’est la présence démiurgique du sorcier Shazam). La réponse apparaîtra peut-être dans le 2ème Shazam… De même, de nouveaux personnages apparaissent d’un coup, comme si nous les connaissions déjà alors qu’on ne les a jamais vus nulle part et qu’on n’a résolument pas le temps de les appréhender (Hawkman, sorte d’Iron Man, Doctor Fate, rappelant vaguement Doctor Strange, Atom Smasher et Cyclone, qui auraient pu rejoindre les X-Men). On sent clairement le manque de suite dans les idées et il nous manque beaucoup trop d’éléments pour adhérer aux personnages.
De la même façon, si l’introduction, classique (la vieille légende, l’artefact de pouvoir, le héros enseveli qu’on réveille), est intéressante, les effets spéciaux indigents, les mouvements mécaniques et l’abus de pyrotechnie ridiculisent très vite le propos et déshumanisent ce qui soit rester une aventure humaine : il est ainsi difficile de dire si les acteurs et actrices jouent bien, perdu·es dans un fatras beaucoup trop spectaculaire.
Si quelques bouts de scène sont assez marrants, on nage constamment dans du réchauffé, notamment les bagarre de super-héros qui ne sont pas sans rappeler des scènes de Superman.
Tout ceci étant dit, on notera malgré tout une critique assez bien amenée concernant la façon dont les Etats-Unis s’érigent en super-héros mondiaux au mépris des particularités propres à chaque région, une vision universaliste complètement ethnocentrée qui laisse à réfléchir. « Vous n’avez aucune légitimité ici » résume assez bien ce principe. Un autre point positif est la façon de tourner en dérision les penchants virilistes qui animent les combats de coqs entre Hawkman et Black Adam.
Au final, ce Black Adam n’est pas plus mauvais que les derniers Marvel mais n’est pas meilleur non plus. On pourrait penser que la veine des films de super-héros est tarie, a fortiori confiée à des réalisateur·trices qui n’apportent aucune originalité au propos (à l’inverse de ce qui a pu être fait dans les premiers Marvel et premiers X-Men).