Le 8 novembre dernier, sortie de "En attendant les hirondelles" ; le 13 décembre dernier, sortie de "Les bienheureux" ; le 17 janvier, sortie de "Enquête au paradis". En un peu plus de 2 mois, 3 films qui, chacun à sa manière, nous parlent de l'Algérie contemporaine. Le réalisateur de "Enquête au paradis", Merzak Allouache, on le connait depuis 1977 et la sortie de son premier film, "Omar Gatlato" : 40 ans qu'il raconte, le plus souvent avec humour, l'évolution de l'Algérie au travers de films de fiction. Durant des 40 années, Merzak Allouache a pu observer l'importance de plus en plus grande qu'avait prise la religion dans la vie des algériens et des algériennes. D'où l'envie de raconter l'Algérie d'aujourd'hui au travers d'un film sur un des piliers de la religion musulmane, le paradis : quelle vision ont les algériens et les algériennes du paradis que leur promet, sous conditions, leur religion ? Cette fois ci, son film n'est pas vraiment une fiction mais n'est pas, non plus, un véritable documentaire. En fait, on suit l'enquête que mène Nedjma, une journaliste interprétée par la comédienne Salima Abada, auprès d'un large échantillon d'algériens et d'algériennes : jeunes, vieux, femmes, hommes, intellectuels, anonymes rencontré.e.s dans la rue, imams. Souhaitant que, dans ce film, la parole prenne le pas sur l'image, il a choisi de le tourner en noir et blanc. Comme on pouvait s'y attendre, dans ce film où il est beaucoup question de 72 houris qui, parait-il, attendent les hommes à leur arrivée au paradis, les discours qu'on entend de la part des personnes interviewés vont un peu dans dans toutes les directions, avec, d'un côté, des sentences d'une telle stupidité qu'on ne sait pas si, à leur écoute, il faut rire ou pleurer et, à l'autre extrémité, une interview d'une grande densité et passionnante à écouter de l'écrivain Kamel Daoud. Et que se passe-t-il pour les femmes à leur arrivée au paradis ? Il semble bien, d'après les réponses qu'on entend, que, traitées comme des êtres inférieurs dans leur vie terrestre, leur situation ne soit guère meilleure dans l'autre monde !