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    Enquête au paradis
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    Olivier Barlet
    Olivier Barlet

    296 abonnés 396 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 janvier 2018
    Nedjma, c’est le titre du roman le plus célèbre de Kateb Yacine et ce n’est pas un hasard : il y décrivait l’Algérie à l’orée de son indépendance. Une façon de mesurer le chemin parcouru. Que Merzak Allouache choisisse en outre de s’incarner dans une femme n’est pas neutre non plus : c’est bien la condition de la femme qui est en cause. Si 72 vierges sont promises aux heureux bénéficiaires masculins du paradis, qu’en est-il des femmes qui le mériteraient aussi ? Les réponses s’effacent derrière l’impossibilité de remettre en cause la parole divine, privilégiant sous l’influence du wahabisme la lettre à l’esprit des textes.
    (...) Tourné pratiquement sans budget, Enquête au Paradis rend compte du rapport illusoire à la religion dans un pays où, comme le rappelle Boualem Sansal, « les islamistes dominent culturellement la société », modifiant le rapport à la foi et au sacré, mais aussi encadrant l’éducation et la culture sans que le pouvoir en place ne réagisse efficacement. Une enquête passionnante de bout en bout. (Lire l'intégralité de la critique d'Olivier Barlet sur le site d'Africultures)
    Yves G.
    Yves G.

    1 481 abonnés 3 497 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 30 janvier 2018
    Le cinéma algérien est d'une étonnante vitalité. Depuis quelques années, au risque d'ailleurs de créer un effet de lassitude, les films se multiplient, documentaires ou fictions, qui dressent de l’Algérie le portrait le plus sombre : "La Chine est encore loin" (2008), "Les Terrasses" (2013), "Contre-pouvoirs" (2015), "Dans ma tête un rond-point" (2016), "En attendant les hirondelles" (2016), "À mon âge je me cache encore pour fumer" (2016), "Les Bienheureux" (2017), etc.

    Cette longue énumération est doublement révélatrice. Révélatrice bien sûr au premier chef de l'état de l'Algérie qui peine à refermer les blessures de la guerre civile qui l'a déchirée pendant dix ans. Mais révélatrice aussi paradoxalement de l'ouverture d'un régime qui accepte sinon de financer (ses films sont le plus souvent tournés avec des capitaux étrangers) du moins de laisser tourner des réalisations aussi critiques. Il est significatif que la Russie, la Turquie ou la Chine, pour ne citer que ces sympathiques démocraties, ne produisent guère d’œuvres similaires - ou du moins que, si elles existent, elles ne soient pas diffusées en France.

    Le réalisateur Merzak Allouache, qui, à cheval sur les deux rives de la Méditerranée, s'est fait un nom dans la fiction ("Chouchou", "Bab el web", "Les Terrasses"...) choisit la voie du documentaire pour décrire son pays. Un documentaire en partie fictionnalisé puisqu'il confie le rôle de la journaliste à l'actrice des "Terrasses" Salima Abada. Comme le titre l'annonce, son enquête a pour objet le paradis et les fantasmes qu'il nourrit. La thèse est simple et la démonstration aisée : les Algériens projettent au paradis leurs frustrations et leurs rêves. En particulier, la frustration sexuelle masculine y trouve un mirage : ces 72 vierges qui attendent pantelantes le Musulman méritant.

    En interrogeant tour à tour des hommes de la rue - les femmes refusent de répondre au micro qui leur est tendu - des imams qui incarnent un Islam malékite modéré, des intellectuels laïcs (on reconnaît au passage Kamel Daoud et Boualem Sansal), Enquête au paradis a tôt fait de mettre les rieurs et les cartésiens de son côté : d'où viennent ces 72 vierges et comment gérer le déséquilibre démographique du paradis ? les hommes mariés pourraient-ils en jouir ? quelle place y aurait-il pour les femmes mariées ? et comment ces vierges le resteraient-elles ?

    Il n'est pas sûr que ce seul sujet suffise à nourrir un film. D'ailleurs, "Enquête au paradis" s'en écarte pour élargir son propos. Il le fait malheureusement sans ordre ni rigueur pour dénoncer l'usage pernicieux d'Internet, qui est devenu le seul loisir et la seule éducation d'une jeunesse désœuvrée, les dérives d'un régime corrompu qui a passé un pacte tacite avec les religieux pour enfermer la société dans une gangue moralisatrice et l'influence rampante du wahhabisme - ce qui décharge peut-être un peu vite l'Algérie et les Algériens de toute responsabilité dans la la montée du fondamentalisme. Il a aussi le tort de le faire dans une durée trop longue qui, passé deux heures, perd en efficacité. C'est d'autant plus dommage que la sincérité du propos et l'intérêt du sujet auraient pu faire de ce documentaire, resserré autour d'un thème mieux délimité et dans une durée plus maîtrisée, une complète réussite.
    Daniel C.
    Daniel C.

    147 abonnés 721 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 février 2018
    Un plaidoyer Illustrant bien comment la croyance au service du dogme asservit et "décérébralise". La foi devrait rester une affaire privée. Lorsqu'elle devient un enjeu politique, que le dieu ne sert plus qu'à assouvir la volonté de pouvoir de certains, eh bien la liberté de penser n'existe plus et la domination, la soumission aux riches terriens en attendant une hypothétique richesse dans l'au-delà constitue le leitmotiv dominant. Pourquoi certains ont intérêt à diffuser un islamisme radical, ravageur au service de la destruction ? Hitler est même traduit en arabe !! Venons-en à l'argument essentiel du film : les femmes. Qu'en est-il de cette promesse de "72 vierges" ? Pourquoi des femmes vierges ? Quid des femmes célibataires arrivant au paradis ? Tous les clichés sexistes sont passés en revue. Que l'islam soit devenu en Algérie religion d'état est quand même une drôle d'affaire ! Les prêches sur internet sont examinés et soumis au questionnements des uns et des autres. Certains ne sont pas piqués des hannetons ! Un beau travail de réflexion sur la pensée critique et ses possibilités ou empêchements de s'exercer.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 16 janvier 2018
    J'avais vu l'un des précédents films du réalisateur, "Les terrasses" qui m'avait beaucoup marqué. Là encore, le film frappe fort, avec des questions toujours justes, un noir et blanc tout en pudeur. Le réalisateur nous embarque tout du long dans son enquête et plus le film avance, plus on réalise le nombre de stéréotypes, d'idées préconçues que l'on a en tête sur ce sujet.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 17 janvier 2018
    Le film ne prend jamais le raccourci de s'enfermer dans un discours, de juger celui des autres. Il interroge, tout en finesse. Il fait - de manière très fine - une sorte de radiographie de la société contemporaine algérienne (et, d'une certaine manière, quoi que les enjeux soient un peu déplacés) la nôtre. Un très beau film.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 16 janvier 2018
    C'est avec une finesse rare que le réalisateur nous mène dans son enquête sur le paradis : on suit la journaliste tout le long avec plaisir, crainte et hébètement. Elle arrive à recueillir une parole rare, et le film révèle des questions très pertinentes au regard de la situation actuelle...A voir
    Halima S.
    Halima S.

    1 abonné 2 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 janvier 2018
    Poignant et excellent, bien filmé et dresse un état des lieux édifiant véridique sur la société. A voir absolument.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 7 février 2018
    Formidable documentaire j'ai découvert l'Algèrie moderne, en suivant les journalistes. Les témoignages bouleversant notamment de Kamel Daoud "Avant c'était les états qui brulaient les livres, aujourd'hui c'est un livre qui brûle le monde" (citation à peu près).
    Sans oublier Biyouna etc...A voir absolument.
    Emotion.
    velocio
    velocio

    1 311 abonnés 3 140 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 janvier 2018
    Le 8 novembre dernier, sortie de "En attendant les hirondelles" ; le 13 décembre dernier, sortie de "Les bienheureux" ; le 17 janvier, sortie de "Enquête au paradis". En un peu plus de 2 mois, 3 films qui, chacun à sa manière, nous parlent de l'Algérie contemporaine. Le réalisateur de "Enquête au paradis", Merzak Allouache, on le connait depuis 1977 et la sortie de son premier film, "Omar Gatlato" : 40 ans qu'il raconte, le plus souvent avec humour, l'évolution de l'Algérie au travers de films de fiction. Durant des 40 années, Merzak Allouache a pu observer l'importance de plus en plus grande qu'avait prise la religion dans la vie des algériens et des algériennes. D'où l'envie de raconter l'Algérie d'aujourd'hui au travers d'un film sur un des piliers de la religion musulmane, le paradis : quelle vision ont les algériens et les algériennes du paradis que leur promet, sous conditions, leur religion ? Cette fois ci, son film n'est pas vraiment une fiction mais n'est pas, non plus, un véritable documentaire. En fait, on suit l'enquête que mène Nedjma, une journaliste interprétée par la comédienne Salima Abada, auprès d'un large échantillon d'algériens et d'algériennes : jeunes, vieux, femmes, hommes, intellectuels, anonymes rencontré.e.s dans la rue, imams. Souhaitant que, dans ce film, la parole prenne le pas sur l'image, il a choisi de le tourner en noir et blanc. Comme on pouvait s'y attendre, dans ce film où il est beaucoup question de 72 houris qui, parait-il, attendent les hommes à leur arrivée au paradis, les discours qu'on entend de la part des personnes interviewés vont un peu dans dans toutes les directions, avec, d'un côté, des sentences d'une telle stupidité qu'on ne sait pas si, à leur écoute, il faut rire ou pleurer et, à l'autre extrémité, une interview d'une grande densité et passionnante à écouter de l'écrivain Kamel Daoud. Et que se passe-t-il pour les femmes à leur arrivée au paradis ? Il semble bien, d'après les réponses qu'on entend, que, traitées comme des êtres inférieurs dans leur vie terrestre, leur situation ne soit guère meilleure dans l'autre monde !
    Caro H.
    Caro H.

    4 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 février 2018
    Fin et intelligent, la distance qu’il faut pour interroger la religion et la place de la femme en Algérie aujourd’hui. Une image noir et blanc assumée qui apporte une autre distance subtile avec ce sujet. Très réussi.
    Les meilleurs films de tous les temps
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