Il y a d'abord les paillettes, c'est-à-dire ces acteurs, ces VIP, et surtout ces politiques qui viennent se parader à la présentation annuelle du programme de l'Opéra de Paris, sous des plafonds lustrés et à coup de bons plats et de vins qui pétillent. Mais l'opéra, c'est d'abord une ruche incroyable et laborieuse où œuvrent des chanteurs, des musiciens, des danseurs, des cadres, des techniciens, des administratifs au service de la musique classique et du patrimoine culturel français. "L'opéra" fait penser dans sa vivacité et l'irrésistible passion que le film dégage, au récent documentaire "La maison de la radio" de Nicolas Philibert. C'est en effet une œuvre incroyablement vivante qui permet de faire la rencontre de mille et une personnes, souvent oubliées quand le spectateur se retrouve devant le rideau, et de se rendre compte surtout du labeur que constitue la réalisation d'un opéra ou d'un ballet. Le film fait surtout l'honneur au chef opérateur et au monteur. La caméra parvient à se faire oublier, et pourtant elle se pose derrière un rideau, dans un bout de pièce, permettant de capter l'intensité des regards, le tremblement des artistes, les inquiétudes de la direction. Le montage, lui, combine les prises de son directes, et la musique accompagnatrice, produisant ainsi l'effet d'un spectacle dans un spectacle. On ne s'ennuie pas une seconde dans ce capharnaüm musical où il est tout autant question d'argent, de taureau, de syndicalisme, d'économie du spectacle, de politique que d'art. Bref, "L'opéra" est une réussite succulente à écouter sans modération et qui donne soudain envie de se plonger sous les lustres rutilants du magnifique Palais Garnier ou le bureau aérien de la direction de l'Opéra Bastille.