BELINDA , un désir de vie .
après avoir quitté la salle de cinéma, on n’oublie pas le visage de Bélinda et sa détermination à avancer dans la vie malgré tous les empêchements . Marie Dumora nous donne à penser le devenir de cette enfant rencontrée dans un foyer qu’elle commence à filmer à l’âge de 9 ans, et que nous retrouvons ensuite à 15 ans puis à 23 ans .
Ni voix-off explicative, ni cartons, ni entretiens avec elle, Marie Dumora fait confiance au spectateur et ose livrer à son regard des événements d’une vie par le choix d’ellipses temporelles qui permettent de bien saisir que pour Bélinda grandir n’a pas été facile. Elle, si tonique auparavant , nous apparaît à 23 ans entravée par l’attention qu’elle porte aux autres . Elle aime donner Bélinda, à sa mère, à son père, à son Thierry. Elle a souvent des mots gentils pour son entourage.Elle a tant d’amour à donner qu’elle-même semble se délaisser .
Nous ressentons le malaise intérieur par le contraste entre son élocution et sa détermination. Elle aurait de quoi s’épancher, de quoi pleurer , mais elle poursuit son chemin comme le jour où, malgré le froid et la distance, elle avance droite et digne sur ses talons aiguilles dans sa longue robe blanche, satisfaite de pouvoir se conformer aux exigences d’une cérémonie de mariage .
Marie Dumora réussit à saisir avec beaucoup de finesse et discrétion – loin du voyeurisme de certains aujourd’hui – de grands moments de vérité, pour exemple l’importance pour elle d’un engagement clair et déterminé de Thierry dans le mariage , ou l’émotion contenue du père qui devant une photographie raconte magnifiquement à sa fille ses origines .
Ainsi la transformation de Bélinda, cette enfant si vive hier, donne à penser le besoin de tout être humain de rêver , de sortir de cadres inadaptés parfois à sa sensibilité .Enfant, elle désire glisser sur la glace aperçue de la fenêtre de la voiture qui la conduit dans son foyer, l’adulte qu’elle est devenue aspire à une vie de couple, son futur époux rêve de mariage en calèche. Et le film se termine par une scène d’une grande beauté et chargée d’avenir.
On ne saurait parler de qualité de jeu puisqu’il ne s’agit pas d’une fiction, mais Bélinda représente à merveille la force et la détresse , les liens d’affection et d’amour mais aussi la solitude dans l’attente répétée de pouvoir vivre enfin selon son désir .
Le film de Marie Dumora s’impose par son sujet et ses choix de réalisation .