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In Ciné Veritas
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3,5
Publiée le 30 mars 2019
A la lecture du synopsis de Compañeros, nous imaginons volontiers positionner le dernier film d’Alvaro Brechner entre L’aveu (1970) de Costa-Gavras et Midnight express (1978) d’Alan Parker. Telle est pleinement la place de ce film mémoriel si on fait abstraction des quelques touches humoristiques constatées. Le cinéaste uruguayen relate des faits réels cauchemardesques jusqu’à atteindre un quasi point de non-retour dans la psychologie de ses personnages. Brechner filme l’indicible abandon à l’arbitraire et à l’obscurantisme de trois Compañeros. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Petit à petit toutes les dictatures militaires d'Amérique du sud vont avoir leur film. Cette fois c'est au tour de l'Uruguay. Comme nous l'annonce l'affiche, voilà un film puissant. Tous les codes du genre sont présents. Une mise en scène très solide pour un scénario classique (parfois un peu répétitif). On vit au plus près des souffrances physiques et psychologiques des détenus (otages). Certaines scènes sont très fortes, mais pas aussi insoutenables que je l'attendais. Dans le genre, on a vu plus dérangeant. Techniquement, c'est parfait. La direction d'acteurs est tout aussi convaincante. Le talent et le charisme d'Antonio de la Torre n'est plus à prouver, il est une fois de plus impeccable. On retrouve aussi Chino Darín, découvert dans le récent L'ange, toujours aussi prometteur. Alfonso Tort complète tout aussi avantageusement le trio. Le film est fort et prenant, avec une fin forcément bouleversante. Mais je trouve qu'il manque un petit quelque chose pour en faire un grand film inoubliable. Compañeros reste pour autant édifiant et le récit de ces vies aux destins et à la résilience incroyables impressionnant.
Un grand film émouvant et juste qui revient sur la très longue nuit de 12 ans dans laquelle ont été enfermés dans des petites caves insalubres et dans le plus complet dénuement plusieurs opposants à la dictature sans procès et dans le but de les rendre fous
Un grand film politique et bouleversant. Une leçon d'humanité et de courage. On connaissait Pepe Mujica comme un président simple et généreux, on le découvre ici en héros
Compañeros est un film magnifique sur la résilience. l’histoire vraie de ces trois militants que le pouvoir militaire a tenté de rendre fous, d’éliminer sans les tuer est extraordinaire. Cette leçon de courage, et in fine d’humanité dans toutes circonstances, y compris les plus violentes, inhumaines mérite d'être racontée, alors que plusieurs pays d'Amérique du Sud basculent à nouveau à l’extrême droite. Cela faisait longtemps que le cinéma n'avait pas retrouvé les accents du cinéma de Costa Gavras, et des grands cinéastes italiens des années 70 au moment ou l'Uruguay, le Chili suivis de toute l' Amérique du sud avaient basculé dans les répressions les plus violentes. parfait complément de Santiago, Italie de Nanni Moretti, ce film mérite d'être montré à toutes les nouvelles générations qui ont oublié à quelle vitesse un état de droit peut basculer dans la dictature .
"Compañeros" est malheureusement un exemple du film relatant une histoire forte (et, en plus, authentique) et qui, au bout du compte, s'avère décevant. Pensez donc, l'histoire de 3 prisonniers Tupamaros uruguayens pendant la dictature militaire de 1973 à 1984, dont l'un, José "Pepe" Mujica, allait devenir Président de la République de son pays, beaucoup plus tard, en 2010. Une plongée dans les geôles sombres et insalubres du pays, la cruauté de cette dictature, les tortures, mais aussi quelques belles scènes (malheureusement rares !) comme celles entre un des prisonniers qui sait écrire de belles lettres d'amour et un geôlier amoureux qui a recours à ses services. Malheureusement, le film s'avère trop long et le réalisateur, dont on avait pourtant bien aimé "Mr Kaplan", son film précédent, a tendance ici à se regarder filmer. Et puis, tout du long, une musique presque omniprésente et de très mauvaise qualité.
Sale temps pour les pêcheurs, Mr. Kaplan : en deux films, le réalisateur uruguayen Alvaro Brechner s'est imposé comme un cinéaste majeur d'Amérique latine. Son troisième long-métrage, Compañeros, dont le titre original est La nuit de 12 ans, possède une toute autre dimension, moins dans la fantaisie, avec le sujet de la dictature en Uruguay, dans les années 70 et 80. Et plus particulièrement le sort de prisonniers tupamaros qui, pour avoir échappé à la mort, n'en ont pas moins servi d'otages pour le gouvernement, confinés à l'isolement dans différents lieux de détention. Le film s'intéresse plus particulièrement à 3 d'entre eux dont l'un deviendra d'ailleurs quelques années plus tard président de la république d'Uruguay. Mais avant cela, lui et ses compagnons ont connu les privations et les tortures autant morales que physiques sans que jamais ils ne passent en jugement. Il est question de résistance humaine, avant tout. Comment peut-on vivre en étant traité comme un déchet humain sans pouvoir dialoguer avec qui que ce soit ? Alvaro Brechner fait preuve d'une grande maîtrise dans sa mise en scène et le montage témoigne d'une grande intelligence, faisant ressentir de façon épidermique l'abandon de ces hommes et leur incroyable capacité à ne pas s'effondrer malgré les brimades. Il y a aussi une poignée de flashbacks et quelques moments d'humanité, y compris entre geôliers et détenus, qui réussissent à sortir le film de la gangue de douleur dans lequel il aurait pu s'enfermer. Un peu de poésie, un brin d'humour et surtout une formidable bouffée d'émotion finale : Compañeros est un film terrible qui ne cesse pas de croire à la lumière malgré des jours et des nuits complètes d'obscurité. A l'image de ceux qui ont su ne pas céder devant l'arbitraire, pendant 12 ans.
De 1973 à 1985, trois opposants politiques à la dictature uruguayenne ont été mis au secret, sans procès. Compañeros raconte les conditions inhumaines de leur détention et la force d'âme qu'ils ont manifestée pour ne pas sombrer dans la folie.
Nous est venu d'Amérique latine un grand nombre de témoignages sur la dictature. Le premier en date, "Missing" de Costa-Gavras, concernait le Chili de Pinochet et remportait à bon droit la Palme d'Or à Cannes dès 1982. En 1985, "L'Histoire officielle" de Luis Puenzo, dont l'action se déroule en Argentine, avait marqué les esprits. Jusqu'à nos jours sortent régulièrement des films argentins ("Kamchatka", "Buenos Aires 1977", "L’œil invisible") ou chiliens ("La Jeune fille et la Mort", "Mon ami Machuca", "Santiago 73", "Post Mortem") qui reviennent sur ces temps troublés.
On connaît moins bien l'histoire de l'Uruguay, ce petit pays coincé entre ses voisins, dont le seul titre de gloire international est d'avoir accueilli la première Coupe du monde de football en 1930 - et Jacques Médecin, l'ancien maire de Nice, au début des années quatre vingt dix. On oublie qu'un coup d’État y porta au pouvoir le 27 juin 1973 une dictature militaire dont les méthodes n'avaient rien à envier à celle de ses voisines argentine ou chilienne.
Les opposants politiques à la dictature furent emprisonnés dans des conditions dégradantes. "Compañeros" raconte l'histoire de trois Tupamaros, placés à l'isolement, interdits de communiquer entre eux, régulièrement transférés d'une prison à l'autre. Parmi eux José Mujica devint président de la République entre 2010 et 2015.
"Compañeros" est construit sur un ressort simple sinon simpliste. Ce film de plus de deux heures décrit non sans complaisance, comme l'avait fait en son temps "Midnight Express" pour les geôles turques, les tortures physiques et psychologiques infligées à des prisonniers. Mais ce spectacle parfois traumatisant n'a d'autre but que de magnifier la résilience des trois prisonniers. S'ils oscillent sur les bords de la folie - on oscillerait à moins - on sait qu'ils ne flancheront pas. Cette confiance dans l'invulnérabilité des trois héros met paradoxalement l'émotion à distance.
La critique sur mon blog : http://un-film-un-jour.com/index.php/2019/03/27/companeros/