Elles ont le même prénom. Elles ont vingt d’écart. En réalité, ce sont les deux mêmes personnes qui se rencontrent concomitamment à une soirée mais pour la plus âgée des deux, elle a déjà vécu ce que la plus jeune s’apprête à vivre. Dit comme cela, on peut penser à un objet cinématographique sans queue ni tête. Mais curieusement, on y croit un peu. Le récit est même habilement mené jusqu’au dénouement final qui, pour le coup, plombe une sauce qui commençait à prendre.
Le film est tout entier habité par une Sandrine Kiberlain resplendissante, tout autant que son pendant, Agathe Bonitzer est désagréable et boudeuse. Il y a là un hiatus assez incongru que de vouloir mettre en scène deux personnages qui ont été les mêmes à 20 ans de décalage, et de les voir aussi différentes. A commencer par les yeux. La plus âgée les a bleus, la plus jeune les as dans les marrons. Cette petite erreur de casting ne cesse plus de hanter tout le récit. Sauf à penser que finalement, ces deux personnages sont bien différents, ce qui évidemment casse tout l’intérêt du scénario.
« La Belle et la Belle » s’épuise dans une série de clichés narratifs, à commencer par le personnage de Melvil Poupaud, absolument élégant, qui donne à la masculinité une image des plus piètres. Mais Lyons où se passe cette histoire est une belle ville. Et on a plaisir de déambuler avec les acteurs dans le centre bobo de la capitale de la région Rhône Alpes, d’un restaurant à l’autre, ou d’une ruelle pavée à l’autre. Pour le reste, regarder les acteurs skier dans leurs accoutrements rutilants, laisse le spectateur pantois devant un tel étalage d’argent et de désinvolture. Dès lors, il devient très difficile de s’identifier aux personnages, sauf à penser que nous habitons tous une grande ville, dans des appartements luxueux, et passons nos vacances d’hiver dans des stations cossues des Alpes.
Bref, « La Belle et la Belle » n’a pas beaucoup d’intérêt, sinon peut-être de retrouver sur les écrans Kiberlain qu’on ne se lasse pas de regarder depuis son rôle de juge incroyable dans « 9 mois fermes ».