Ce "La Belle et la Belle" se situe dans l'univers du "conte", selon Sophie Fillères, l'auteur. Alors, du conte moral, et non du conte de fées... Si l'on avait le loisir de revivre sa vie, ou du moins certains moments, où l'on a, rétrospectivement, l'amère sensation d'avoir pris la mauvaise décision, et ainsi de monter dans un train du bonheur que l'on avait laissé filer, hier ou avant-hier.... "Margaux" (Sandrine Kiberlain), 45 ans, n'avait pas gardé l'enfant (peut-être) conçu avec Marc (Melvil Poupaud), ce qui avait fragilisé son union avec lui.... Se rendant à l'enterrement d'une ancienne meilleure amie, le soir venu, elle rencontre "Margaux" (Agathe Bonitzer), 25 ans..... Toutes deux reprennent le TGV pour Lyon le lendemain matin....
Margaux 25 ans, est-ce Margaux du passé, qui, par une malice (inexpliquée, bien sûr) du Destin, permet à Margaux 45 ans de dupliquer sa vie, en quelque sorte ? Mais les deux Margaux ne se ressemblent guère, la plus jeune ayant 15 cm de moins que son aînée (et un nez moins... étonnant).... Alors, fantasme ?.... Un procédé littéraire en tout cas, qui passe moyennement à l'écran (Margaux croise même une version d'elle en gamine frustrée par un tenancier de manège, et une version en femme mûre - sur un quai de gare ; toujours des affaires de trains...), fait du sur place, se tarit, ne surprend plus, rapidement, voire ennuie. Donc, au bilan : une idée séduisante, sur le papier, mais un film décevant, globalement.
SK est heureusement excellente, comme toujours - ce qui compense, aussi, le jeu monocolore de son "double", assuré par une Agathe Bonitzer, égale aussi à elle-même, c'est-à-dire médiocre et renfrognée.