Avis sur Illegal in Blue

Illegal in Blue est réalisé par un transfuge du cinéma porno, Stu Segall, réalisateur, notamment du pas bon Insatiable avec Marylin Chambers. Sa reconversion dans le thriller érotique n’est pas spécialement mémorable.
Formellement le film n’est pas mauvais du tout, bien que classique dans le genre. Photographie contrastée faisant la part belle aux scènes nocturnes, aux lumières électriques alternant teintes chaudes et teintes froides, le film propose des décors un peu limités (plus d’extérieurs et plus mémorables n’auraient pas été de refus), mais ça reste de belle tenue, et le metteur en scène semble connaître les classiques du genre qu'il’imite avec plus ou moins de succès. Curieusement, ce que j’ai trouvé le moins convaincant dans Illegal in Blue, du point de vue plastique, c’est les scènes érotiques. Si Stacey Dash est superbe, et si le bleu lui va bien, les séquences érotiques restent assez fades et redondantes. Elles paraissent en fait purement technique, elle manque de torride, d’extase, et là on retrouve vraiment le souci du téléfilm érotique soft qui a du mal à se démarquer faute d’un metteur en scène talentueux. Segall est un spécialiste du démonstratif, et ici, où il doit suggérer plus qu’autre chose ce n’est pas terrible. A souligner une bande son inégale, là aussi très efficace en dehors des scènes de sexe, lesquelles sont mâtinée de mélodies répétitives peu attrayantes.
Le casting présente une galerie d’acteurs pas spécialement connus, où les plus en pointe reconnaitront néanmoins des figures ayant connues leur heure de gloire, à l’instar de Stacey Dash, dans ce milieu des années 90. Très sexy, à l’évidence, sculpturale à souhait, elle campe un personnage qui se veut ambigu, et qu’elle porte avec une certaine conviction. On ne peut pas dire que ce soit une femme fatale mémorable, mais elle ne démérite pas, face à un Dan Gauthier déjà bien moins à la hauteur. Il est fade, sorte de modèle publicitaire pour une pub de cosmétique ou de shampooing. Il n’est pas très charismatique et pas très bon acteur, il se contente de passer, mais fait pâle figure face à Stacey Dash, et cela en dépit d’une relative bonne osmose entre eux. Autour de ce duo des seconds rôles honorables. Le vieux briscard de Louis Giambalvo, l’inégal mais plutôt charismatique Trevor Goddard, globalement en arrière-plan ça tient la route, même si l’histoire fait qu’on a le sentiment de voir en quasi-omniprésence Dash et Gauthier.
Car en effet l’histoire repose largement sur leur duo. Le film distille deux histoires parallèles à l’intérêt inégal (en fait seule la fin compte, le reste c’est plutôt du remplissage qu’autre chose), mais surtout Segall s’intéresse à ce qu’il sait normalement le mieux faire et ce qui semble le passionner le plus : la relation érotique entre Dash et Gauthier. Thriller érotique et scénariste faiblard oblige, Illegal in Blue s’attarde surtout sur l’aspect « sexe », séduction, et même si les scènes érotiques sont faiblement emballées, elles sont nombreuses et assez longues. Mais en plus des scènes de sexe au sens strict du terme le film propose d’autres scènes tout en regards langoureux, en phrasé séducteur, en promenade déshabillé. Franchement, ça manque tout de même de rebondissements, de surprises, le rythme est plus handicapé par les scènes de sexe qu’il n’est dynamisé, et le scénario n’a pas grand relief. La fin est juste correcte, surprenant peut-être le spectateur peu habitué au genre.
Pour tout dire, Illegal in Blue est un thriller érotique formellement pas mauvais, mais qui ne passionnera pas beaucoup. Ce n’est pas indigeste, ni bâclé, mais ça manque d’originalité et ce n’est pas assez poisseux, malsain, manipulateur pour s’afficher comme une pièce à voir du genre. 2