Il y a une constance dans le cinéma d’Alain Chabat, c’est tout d’abord un savoir-faire évident dans l’écriture humoristique, notamment à travers des jeux de mots ou des retournements de situation qui mettent ses personnages dans des situations plus ou moins burlesques qui font mouche à chaque fois. C’était déjà remarquable avec « Didier » dans lequel le réalisateur avait su utiliser toutes les expressions, et autres tics de langage que l’on peut avoir envers un chien, et s’en servir pour raconter une histoire drôle et en même temps émouvante. Le réalisateur avait également excellé dans l’utilisation de son savoir-faire, et de son expérience au sein du groupe des « Nuls », pour donner un nouvel élan et un coup de jeunesse aux aventures d’Astérix et Obélix, dans « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre ». Et si on peut regretter un « Marsupilami » un peu trop, ou pas assez, on peut toutefois souligner un retour en force du réalisateur dans « Santa et cie ».
Car effectivement le réalisateur a mis quelques années avant de se relancer dans la réalisation d’un long métrage et dans l’écriture d’une histoire qui soit à la fois cohérente avec son parcours, tout en répondant à ses envies de toujours dépeindre des personnages hauts en couleur et tout à la fois émouvant. Et c’est bien le cas avec « Santa et cie », puisqu’ici le réalisateur a décidé de nous parler du Père Noël, à sa manière, en le plongeant dans une aventure hors du commun dans laquelle le maître de Noël, se retrouve face à ses propres paradoxes, à ses propres contradictions dont la plus importante étend celle d’être la star des enfants, et de finalement ne pas les connaître. Et c’est toujours avec un goût prononcé pour les jeux de mots, pour les phrases bien amenées, pour l’humour bien dosé et surtout pour une véritable sensibilité dans l’écriture et dans la peinture de personnages qu’Alain Chabat parvient, encore une fois, a transporter son public dans une aventure drôle et émouvante.
Et la première grande idée de l’ancien Nul, c’est d’avoir vu son film comme une comédie américaine, celle que l’on peut voir tous les après-midis sur la chaîne M6, une comédie dans laquelle on entendrait les chansons de Noël, où on sentirait presque l’odeur du sapin et du pain d’épice, et où la vie des hommes est rythmée par ce moment de l’année où tout semble être suspendu à la beauté des lumières, et aux rêves des enfants. Et on sent une véritable tendresse, à la fois dans la mise en scène du réalisateur que dans son écriture. Car si le Père Noël d’Alain Chabat et maladroit, un peu grognon, et ne semble pas du tout être habitué à la présence des hommes (du moins lorsqu’ils sont réveillés !) nous sentons toujours une pâte humaniste dans son histoire et dans sa mise en scène. Et pour une fois, et c’est toute la force de « Santa et cie », les effets spéciaux sont totalement à la hauteur de l’imagination du réalisateur, et ne font pas pâle figure face aux productions américaines. Nous sommes au cœur de Paris, mais par une mise en scène soignée et inventive, on pourrait presque croire que les personnages évoluent dans les rues de New York. Si vous rajoutez, en plus de cela, la musique de Matthieu Gonet (Mon Poussin), qui semble avoir parfaitement compris que le film gagnerait en volume et en puissance en ayant une musique philharmonique à grand renfort de violon et autres instruments à cordes, pour rendre encore plus merveilleux l’histoire du film.
Alors évidemment, on pourrait reprocher à Alain Chabat de se mettre en scène, plutôt que de confier le rôle principal à quelqu’un d’autre mais le résultat est tellement à la hauteur de l’attente, que l’on se dit que, finalement, personne d’autre, effectivement, n’aurait pu jouer le rôle du Père Noël. Et puis la distribution complétée par Pio Marmaï (Ce qui nous lie), Golshifteh Farahani (Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar) ou encore Audrey Tautou (Le fabuleux destin d’Amélie Poulain) donne à ce film un aspect décalé et en même temps une réponse évidente aux attentes d’un public qui a besoin de rêver en cette période de Noël. Bien sûr il serait injuste de ne pas parler du reste de la distribution, mais ils sont tellement nombreux et tellement talentueux qu’il suffit simplement de dire que l’ensemble du casting participe à la réussite du film.
En conclusion, si vous voulez voir un vrai film de Noël, qui soit à la fois drôle, émouvant, et merveilleux qui puisse enfin concurrencer les grandes cavaleries américaines tout en s’en inspirant, courez voir « Santa et compagnie », car Alain Chabat a retrouvé les clés de la réussite et de la tendresse comme il a su si souvent nous le proposer dans le passé !