Magnifique film, que je situe bien au dessus de la critique asssz lamentable de " Télérama", notant d'une simple étoile ce chef d'oeuvre qui passait hier soir sur Arte, et qui s'accompagnait d'un avis assez tranchant et négatif., dont je livre quelques lignes. "Surestimé à l'époque, Wyler est un pro un technicien habile. Lorsqu'il se laisse aller à l'émotion, en revanche, c''est la charge de la brigade pas toujours légère".....Télérama n'a t'il pas confondu avec " Mais où est passé la septième compagnie?"
Pour moi, ce film qui date de 1946, reste toujours très pertinent, dans le contexte actuel. Le sujet du retour des vétérans de guerre a été traité plus d'une fois au cinéma, que ce soit par "Voyage au bout de l'enfer", de Cimino, ou par Jeunet, dans "un long Dimanche de fiançailles" . Sans doute celui ci est plus pudique, mais tout autant efficace dans la dénonciation de la guerre. Il faut bien sûr le remettre dans son contexte de 46, avec la difficuté de ne pas blesser un public très patriotique, marqué par les événements tous récents, alors que l'europe est encore par terre.
Cela expliquera la fin du film sans doute loukoum, trainant un peu en longueur, soucieux d'établir une happy end à chacun des protagonistes.
Trois véterans de retour de la guerre en Europe, ou dans le paciifique, rentrent chez eux, dans cette petite ville bien américaine, où ils ont passé leur jeunesse. Leur rencontre, dans un appareil militaire, regagnant enfin leur ville tant rêvée, avec ces vues plongeantes sur le paysage paisible, en rupture de celui d'une europe dévastée, est déjà saisissant, et est émblématique des longs plans séquences de ce très long film de 165 mn.
L'un deux a été capitaine au sein d'une unité de bombardiers, et son sommeil est agité de visions cauchemardesques. Les deux autres ramènent aussi un vécu douloureux, dont ills ne parleront pas, mais dont leur corps, ou leur esprit portent des stigmates, et des traumatismes récurents, dont la consommation d'alcool assez débridée, semble bien en rapport. Les voilà ensuite dans un taxi s'apprétant avec hâte, et tout autant d'appréhension à retrouver pour l'un, le plus âgé, sa famille, et pour les deux autres, l'un sa jeune femme, et l'autre sa fiancée....
. N'attendez pas d'images de violences, ni de flash backs sur la guerre passée, le cinéaste s'est appliqué à montrer les grandes difficultés d'adaptation de ces vétérans, et leurs efforts, et tout autant ceux de leurs proches, pour retrouver la vie d'avant, autant que faire se peut !
C'est admirablement écrit. La photo est belle, les dialogues sont forts, et la qualité du scénario et le métier du réalisateur sautent aux yeux. Les clichés sont évités. Les personnages ont une épaisseur, échappant à les placer de façon caricaturale, comme cela se fait souvent, en tant que héros, lâches, opportunistes, crétins ou salauds, obeissant à une norme sociologique définie. Telle le personnage de la femme de l'aviateur, une blonde semblant ecervelée, égoiste et stupide, mais finalement bien plus complexe, affichant son indépendance, son refus de rester femme au foyer .
Ce fillm n'est en rien une exaltation de la guerre, bien au contraire. les plans et les travellings sont parfois admirables,et sociologiquement intéressants, comme ceux de la traversée de la ville en taxi, où les tableaux offerts, semblent sortis du monde d'Edward Hooper. C'est du même intéret que le film de Carol Reed, " le troisième homme", daté de 1948, montrant lui aussi une ville en reconstruction, Vienne, et ses fantômes issus de la guerre. C'était à cette époque un cinéma populaire, mais responsable, réussissant à faire avec ce cahier des charges, des chef d'oeuvres inoubliables, et non destinés uniquement aux teenagers. .