Alors je vais vous dire : moi, les classiques de Mr Walt, ils ont bercés mon enfance et je suis plutôt fier d'avoir reçu cette première « éducation cinématographique » des vieux Disney. Les 101, je les ais vus au moins vingt fois, et ce parce que j'adorais, je me régalais de ce périple dans la neige et de cette ambiance graphique londonienne, et bien sûr pour Cruella d'Enfer. Après cette redécouverte grâce à la sortie blu ray (cela dois bien faire une douzaines d'années que je ne l'ai pas approché du bout des doigts), je trouve cela très amusant, car j'aime ce dessin animé toujours autant et pour les même raisons. C'est d'autant plus croustillant de constater, avec le recul que j'ai aujourd'hui, que ces deux points préfigurent déjà un futur petit fan de Burton en puissance. Les 101 constituent un film charnière sur le destin du fabuleux studio Disney, un tournant esthétique qui déplut au grand manitou de la firme dans un premier temps. L'utilisation d'un nouveau procédé, la xérographie, basé sur l'utilisation de photocopieuses afin d'éviter le travail démentiel qui consistait en la reproduction de toutes les tâches de chaque dalmatien, brisait déjà le côté très artisanal des films de Disney. Il faut ajouter à cela un coup de crayon extrêmement versé dans un style précis, qui donne un aspect de croquis quasi caricatural aux décors, et une personnalité très différente des anciens chef d’œuvres. Ce qui en aucun cas ne signifie une chute libre de la qualité des 101, il s'agit d'une réaffirmation, d'un renouveau mené avec un talent inégalable, sans lequel la société aurait peut-être pu glisser lentement vers une série de films répétitifs pour achever de s'essouffler complètement une dizaine voire une vingtaine d'années plus tard. De quoi me plaire au plus haut point (la prise de risque au niveau artistique). Dès le générique très british, je plonge dans cette œuvre qui me captive à chaque plan, pour ne la lâcher que le lendemain voire le surlendemain, la musique me trottant sans cesse dans la tête et l'air de Cruella ne me lâchant pas avant une bonne semaine. La narration, d'abord à travers Pongo pour le démarrage de l'intrigue, puis à travers les fantastiques tableaux que nous offre l'Angleterre contemporaine, est d'une efficacité redoutable, le rythme est si maîtrisé qu'on décèle à peine le changement par rapport aux productions d'aujourd'hui, pourtant beaucoup plus rapide. Que ce soit la ville grise aux angles tranchants et difformes, les campagnes désertes et brumeuses, le visuel enchante et enveloppe le spectateur de toute parts. L'arrivée de l'hiver marque un tournant dans le récit qui se fait alors plus dramatique et éprouvant, tout en restant adorable. En effet les 101 dalmatiens n'est pas si drôle, les touches d'humour sont légères et parsèment élégamment l'ensemble du long métrage, au final on rit plus parce qu'on est attendrit que pour les gags (même si la parodie du colonel en vieux chien est à se tordre). Le final tourne carrément en film d'aventure avec une poursuite délirante, qui se termine en atteignant une intensité fulgurante en osant pousser excessivement la transfiguration de son méchant bien plus loin que les autres Disney ne l'avaient fait auparavant. Diablement excitant, émouvant et empli d'un charme unique, les 101 dalmatiens est un chef d’œuvre que je range directement parmi de mes 20 dessins animés préférés.