Voici un film qui redonne foi en l’humanité. Shu Aiello et Catherine Catella ont promené leur caméra dans les rues de Riace, petit village calabrais, en bord de mer, bâti sur une hauteur pour se protéger des envahisseurs… pendant le vingtième siècle, une grande partie de la population a émigré, vers l’Italie du Nord et le reste de l’Europe…seule une poignée de vieux restait au village, la majeure partie des maisons inoccupées se détériorait…en 1998 échoue sur le rivage un bateau avec à son bord 200 immigrés kurdes…Spontanément les habitants du village leur viennent en aide, et avec l’aide des habitants, ils occupent les maisons abandonnées, les retapent, certains s’insèrent, d’autres repartent vers d’autres horizons. Les commerces sont relancés, l’école retrouve un avenir et le village passe de 900 habitants à 2100 habitants…le film raconte cette renaissance menée par le maire Domenico Lucano qui à la fin du film entame son troisième mandat, qui lance le projet Citta futura avec l’aide de la communauté européenne…les enfants sont scolarisés, les adultes suivent des cours d’italien, les commerces revivent…le plus ancien des refugiés est un charpentier kurde qui a pris la nationalité italienne et participe à l’accueil des refugiés…au fil des années, 6000 refugiés sont passés par le village, 400 y ont pris racines…sans tomber dans l’angélisme, on ne peut qu’être sensible à cette image d’une église pleine, où le prêtre égrène la liste des nationalités représentées et invite chacun à prier pour la paix dans sa langue et dans sa religion….tout autant symbolique, le village fête chaque année ses saints guérisseurs que la légende prétend être venus en barque de la Syrie…Certes les fonds de la communauté européenne n’arrivent pas toujours sans retard…la commune a donc décidé de créer sa propre monnaie, que les commerçants échangent contre de vrais euros quand les fonds gouvernementaux et européens arrivent…Certes malgré son succès la politique d’intégration ne plait pas à tout le monde notamment à la Ndrangheta qui lance des actions d’intimidation contre les responsables de la municipalité, qui s’est portée partie civile . Certes le film n’est pas parfait, le montage est parfois brouillon , le propos parfois empreint de naïveté…une voix off ponctue le film, c’est celle d’une femme, partie de Riace dans les années 30 pour Nice et la France, rappelant que l’Italie et particulièrement la Calabre a été une terre d’émigration avant de devenir une terre d’immigration…le film privilégie une vision positive de l’expérience…à l’heure où les pays se replient dans leurs frontières et érigent des barrières, on ne demande qu’à y croire…d'autant que le maire soutient que ce système d'intégration coûte quatre fois moins cher que les centres de rétention administrative...