Proposer un film consacré à une enquête canonique sur l'apparition de la vierge Marie à la jeune Anna est tout à la fois très habile et très risqué. Habile, car le sujet peut faire venir un nombreux public dans les salles : d'un côté, celles et ceux qui ont la foi et qui vont espérer une conclusion qui ira dans le sens de leur foi, de l'autre côté, celles et ceux qui n'ont pas la foi et qui vont espérer la conclusion inverse. Risqué, car, au bout du compte, le risque est grand de mécontenter un des camps ! De quel côté Xavier Giannoli a-t-il fait pencher la balance, lui qui s'est fait une spécialité de filmer la question de la croyance et celle de l'imposture ? Et si, pourquoi pas, il se montrait lui-même quelque peu imposteur en faisant bifurquer son scénario vers une voie qui lui permettrait de ne pas trancher ?
"L'apparition", en tout cas, se révèle passionnant pendant la première moitié du film. Et là, d'un seul coup, on a l'impression que le film se délite, qu'il part dans tous les sens et que le réalisateur n'arrive plus à canaliser son récit. Par contre, Vincent Lindon, qui interprète le rôle d'un journaliste chargé par le Vatican de mener l'enquête sur Anna au côté de deux prêtres, d'un théologien et d'une psy, et, plus encore, Gallatea Bellugi, l'interprète d'Anna, sont remarquables de bout en bout. Difficile, par ailleurs, de ne pas parler de la musique, très présente dans le film : il n'est pas interdit de penser que c'est un peu une solution de facilité que d'apporter de l'émotion avec les musiques choisies pour accompagner le film, presque toutes de natures religieuses, mais c'est vrai qu'on se régale avec Bach, Monteverdi, Jóhann Jóhannsson (compositeur islandais décédé il y a 5 jours !) et, surtout, celui qui est le plus présent, Arvo Pârt.