Ce que j’apprécie chez Deodato c’est qu’il ne fait pas dans la demi-mesure, et lorsqu’on lui demande un film d’aventure gore, il fait un film d’aventure gore ! On est donc servi. Amazonia profite des bons points habituels du cinéma du réalisateur, à commencer par un rythme solide. Le film pulse, on ne s’ennuie jamais, même si tous les éléments de l’intrigue mettent du temps à devenir compréhensible (c’est un peu brouillon du reste, le film donnant le sentiment de puiser dans des histoires de sectes qui ont émaillé les faits divers du temps, le trafic de drogue et le film de cannibale classique). On a de bonnes scènes d’action, filmées comme de coutume avec le réalisateur de façon très gore (il y a des effets sanglants violents, mais pas pléthoriques non plus), des scènes perverses cradingues, des attaques animalières plutôt sympas, bref, on a tout le registre d’un survival radical qui, plus soft qu’un Cannibal Holocaust, reste tout de même déconseillé aux petites natures.
Outre cette efficacité certaine, le film bénéficie de beaux décors, de paysages magnifiques, d’une ambiance de jungle crédible et l’expérience du réalisateur en la matière fait merveille. Dommage, encore une fois, que la photographie soit un peu trop pâlichonne, mais c’est inévitable sur ce genre de vieilles productions pas restaurées.
Maintenant, faut reconnaître que l’interprétation est inégale. Déjà, essayez d’éviter la vf car c’est l’enfer ! Personnellement, j’ai trouvé que le duo Blount-Mann fonctionnait bien, et même si la motivation de l’héroïne apparaît un peu stupide, on peut y croire, à la limite. Par contre, faut avouer que Willie Aames c’est un peu n’importe quoi. L’acteur fait des efforts, mais sincèrement, qui peut croire qu’un ado bobo qui porte des t-shirt Mickey séjourne pépouze dans un camp de narcos au fin fond de la jungle ? C’est un peu comme le personnage de Valentina Forte, actrice qui fait elle aussi des efforts et s’avère même convaincante avec le personnage le plus touchant du film, mais on a du mal à croire à sa présence dans un camp de narcos (à la limite s’il y avait d’autres femmes, mais là on se demande vraiment ce qu’elle fout là). C’est un peu comme les méchants, faut pas être trop regardant non plus sur leurs motivations et leur présence au fin fond de la jungle (le gars veut plus du monde moderne mais porte toujours des fringues occidentales, des armes, possède un avion…). Richard Lynch apparaît d’ailleurs bien peu et c’est dommage.
Enfin, à noter une bonne bande son punchie qui sans être la plus mémorable de Simonetti tient quand même la route.
En conclusion, un petit métrage de série B roublard qui s’avère efficace dans son genre. Pas le meilleur Deodato, mais ça reste dans son genre un film violent, percutant, divertissant, qui ravira les amateurs du genre et choquera le bourgeois. 3