Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
soniadidierkmurgia
1 182 abonnés
4 175 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 3 décembre 2022
« Dellamorte, Dellamore » est incontestablement le point d’orgue de la très restreinte filmographie de Michele Soavi. Ce quatrième long métrage est celui où sa personnalité artistique empreinte de poésie se fait enfin complétement jour. Jusque-là, Michele Soavi était considéré comme le disciple de Dario Argento dont il avait été l’assistant sur trois de ses films «(« Ténèbres », « Phénomena » et « Opéra ») . Le réalisateur alors au sommet du cinéma de genre italien avait clairement marqué de son empreinte en qualité de producteur mais aussi de scénariste « Sanctuaire » puis « La secte », intervenant même au montage. « Dellamorte, Dellamore » est scénarisé par Gianni Rampoli, déjà présent sur « La secte », à partir d’un roman de Tiziano Sciavi auteur de la bande dessinée « Dylan Dog ». A ce sujet, il est utile de signaler que le héros de la BD en question est le sosie parfait de Rupert Everett, l’acteur anglais choisi par Soavi pour interpréter le gardien du cimetière de la petite ville de Buffalora devant faire face à la lubie qui taraude depuis quelque temps les cadavres qui se prennent à l’envie de sortir de leur sépulture. Dans l’endroit clos du petit cimetière, magnifiquement photographié par le chef opérateur Mauro Machetti, se joue une sorte de comédie horrifique comme on n’en n’avait encore jamais vue où se mêlent dans la plus grande allégresse morts-vivants, nécrophilie, érotisme morbide, fantômes et démembrements. Aidé de son acolyte, sorte de colosse mal dégrossi, campé par François Hadji-Lazaro, le leader des Garçons Bouchers, Rupert Everett fait merveille en dandy décadent jouant de la gâchette pour faire que la pandémie de résurrections macabres reste circonscrite à son périmètre "naturel". Une balle en pleine tête calme heureusement les ardeurs cannibales de ces ressuscités tout de même un peu atones. Une tâche rébarbative que malgré un détachement exprimé judicieusement en voix-off, Francesco (Rupert Everett) prend très au sérieux. Michele Soavi particulièrement inspiré anime ce théâtre baroque en usant de références cinématographiques (George A. Romero, les films de la Hammer), littéraires (Lewis Carroll) et picturales ( « Les amants » de René Magritte, « L’île des morts d’Arnold Böcklin) jamais encombrantes ni utilisées mal à propos. Pour la touche sensuelle qui est un élément essentiel de l’atmosphère nimbant cette descente douce vers les affres de l’au-delà, Soai ne pouvait trouver meilleure ambassadrice que la sublime Anna Falchi au summum de sa beauté. Certains pourront trouver le film un peu désaccordé sans véritable substance narrative mais la visée du réalisateur était sans doute toute autre misant essentiellement sur l’esthétique visuelle pour proposer au spectateur un voyage unique et onirique vers l’endroit d’où l’on ne revient pas. Si ce voyage s’effectue en compagnie d'Anna Falchi, beaucoup seront d’accord.