Le film fut réalisé sept ans après des évènement tragiques qui marquèrent à jamais les Etats-Unis et la communauté afro-américaine. C'est lors d'un été caniculaire en 1965 que les émeutes de Watts éclatèrent. Les 250 000 habitants de ce ghetto noir de Los Angeles étaient quotidiennement victimes d'arrestations arbitraires et de violences policières. Le 11 août 1965, une nouvelle arrestation injustifiée mit le feu aux poudres. Les habitants du quartier se révoltèrent. Pendant une semaine, les jeunes affrontèrent les forces de police. Les pillages et les incendies firent rage. Fait rare, la Garde Nationale fut envoyée pour reprendre le contrôle du quartier. Ces émeutes firent 34 morts, 900 blessés, des millions de dollars de dégâts. Les étés suivants, et jusqu'en 1967, à Détroit et Chicago notamment, d'autres ghettos s'embrasèrent. Après des décennies de racisme, de violences subies, la révolution noire était en marche.
Wattstax se revendique comme le Woodstock noir. Ce titre a été choisi tout d'abord pour sa consonnance très ressemblante avec le nom du festival de rock. Il s'agit également de la contraction de Watts, le quartier qui s'embrasa durant les émeutes raciales de 1965, et de Stax Records, nom de la maison de disques produisant le film. Stax Records, fondée à Memphis en 1958, fit découvrir, entre autres, Otis Redding, Booker T. Jones, Isaac Hayes, Rufus Thomas. Les fondateurs, Jim Steven et Estelle Axton (d'où le nom Stax), avaient à coeur de dépasser les préjugés pour faire émerger les talents des musiciens noirs, accusés à l'époque de corrompre la jeunesse américaine.
Les membres du groupe the Bar Kays voulaient faire une entrée pour le moins remarquée dans le colisée de Los Angeles : ils souhaitaient arriver en diligence, tirée par des chevaux. Une entrée digne des grands westerns que refusèrent les producteurs de Stax Records.
A l'image des Black Panthers qui avaient instaurer un système d'entraide pour les enfants de leur quartier, les producteurs firent don d'une partie des gains du concert au Martin Luther King Hospital ainsi qu'à des fondations d'aides à la communauté afro-américaine.
Les responsables de Stax Records, producteur du concert et du documentaire, insistèrent pour que les officiers de police chargés d'assurer la sécurité du spectacle, soient exclusivement des afro-américains. De même ils n'engagèrent que des techniciens noirs pour le tournage du film.
Ce documentaire remarqué à l'époque, fut nominé en 1974 aux Golden Globes.