Jusqu’à présent, Leigh Whannell était surtout connu pour son travail de scénariste (les trois premiers "Saw", "Dead Silence", les "Insidious"), mais dorénavant il va pouvoir enfin s’illustrer comme réalisateur. Il a donc choisi pour sa première réalisation de jouer la carte du petit actioner SF avec "Upgrade" et force est d’avouer que le métrage est particulièrement réussi ! Tout d’abord le film propose un univers de futur proche assez réaliste où se croisent quotidien habituel (maison, voiture à essence, vélo, télé…) et technologie haut de gamme (drone de surveillance, IA de maison qui parle, voiture se conduisant elle-même, réalité augmentée, cybertechnologie corporelle, domotique avancée...). Pour faire une comparaison cinéphile, c’est un peu comme si David Cronenberg rencontrait Paul Verhoeven…avouons le : il y a bien pire comme comparaison !! Ensuite, le scénario peut paraître simpliste puisque nous sommes dans une enquête proche du « rape & revenge », mais la quête du héros nous parle tellement (un gars pas très copain avec le high-tech cherche les gars qui l’ont agressé et tué sa femme) qu’on est pris dedans sans concessions et qu’on ne peut s’empêcher de vouloir en connaître l’issue. Une autre force du scénario est sans conteste l’approche frontale et assez pessimiste de l’IA (Intelligence Artificielle), mais je n’en dirais pas plus pour ne point spoiler. Conscient que son récit est assez balisé et qu’il ne cherche justement pas à dévier du déroulement habituel d’un « rape & revenge », Whannell va se concentrer sur sa mise en scène et il est clair que dans ce domaine, il s’est fait sacrément plaisir : les plans sont cadrés au millimètre, les décors sont à l’image de l’époque dont ils sont censés provenir à savoir un savoureux mélange de contemporain et d’architecture ultra design, la photographie est ultra travaillée avec pas mal de jeux de lumières aux couleurs opposées et très poussives (hommage direct envers Dario Argento ou Mario Bava ?). Mais l’effort le plus abouti est certainement celui qui concerne les combats : pour retranscrire les maintes accélérations qui s’abattent sur son héros, le réal joue remarquablement avec les angles et les mouvements de caméra donnant véritablement l’impression que Grey n’obéit plus à son corps, sa tête (son cerveau donc) étant mis « de côté ». Cela lui procure un effet « surhomme » qui nous fait pleinement ressentir les impacts ravageur des coups qu’il distribue : les bastons sont alors extrêmement brutales tout en étant claires et lisibles, se terminant souvent par des mises à mort très graphiques ponctuées de jolies effusions gores pour notre plus grand plaisir. Mais aussi sombre et violent qu’il peut-être, "Upgrade" contient aussi énormément d’humour dont la principale source demeure la « relation » que Grey entretien avec la voix qu’il entend dans sa tête et plus particulièrement du décalage entre « l'amateurisme » avoué du héros et les incroyables prouesses que l’IA lui fait accomplir, entre le côté « chaud et humain » de Grey et celui « froid et robotique » de Stem (le plus bel exemple demeure cette scène hilarante où,
après avoir explosé dans les toilettes du bar six mecs, Grey est incapable de torturer le black pour le faire parler et décide de « sous-traiter » le job à son double numérique tout en étant effaré de ce que fait Stem au pauvre type en hors-champ
: tout bonnement jubilatoire !!). Autre belle surprise du film, la tête d’affiche à savoir Logan Marshall-Green (Charlie dans Prometheus et Jack « Shocker » Brice dans Spider-Man Homecoming) qui crève littéralement l’écran notamment grâce à une prestation corporelle superbe : d’un côté il joue un tétraplégique et cela est très difficile mais il donne parfois l’impression de l’être réellement ; et de l’autre côté sa gestuelle robotique lorsqu’il laisse prendre le contrôle est tout bonnement bluffante de crédibilité !!! Le pire dans tout ça c’est qu’il éclipse pratiquement tous ces partenaires même si ces derniers sont pas mal eux aussi. Bref, pour une première réalisation, "Upgrade" est une véritable petite bombe de série B : à la fois inventif et badass, il parvient à dépasser sa trame somme toute classique par une mise en scène extrêmement rythmée et renforcée par un superbe festival de visuels léchés, le tout soutenu par une bande-son électro-rock du plus bel effet. Et si le récit ne propose pas spécialement de surprise dans son déroulement, la fin elle parvient à nous étonner en nous proposant conclusion certes nihiliste mais totalement cohérente ! Bravo pour votre premier long métrage Mister Leigh Whannell : vivement le prochain !!