Ce genre de petite production mérite amplement son passage en salle, car loin de rivaliser avec les pointures actuelles, il se démarque des blockbusters par une fluidité technique comme on en voit peu. La sobriété est le maître-mot de Leigh Whannell, que l’on assimile souvent à James Wan pour leur collaboration. Cela se ressent dans l’aisance de mise en scène et de la photographie, dégradée dans les teintes sombres. L’artificiel constitue tout l’enjeu de ce vigilante movie, illustrant les limites de la morale vengeresse humaine et celles de l’outil controversé que représente l’intelligence artificielle.
Et c’est dans de l’ultra-violence que l’on scarifie les passages les plus maîtrisés et les plus jouissifs. Nous étions loin de nous attendre à ce genre de divertissement, notamment à la suite de nombreuses œuvres qui ont lourdement échoué dans cette démarche. La rigueur est présente, mais laisse parsemer quelques détails qui semblent étouffer le récit dans une série B, pauvre scénaristiquement. Grey Trace (Logan Marshall-Green) victime d’une agression où il y perd femme et mobilité, devra se confronter à un dilemme, presque divin, lorsqu’une échappatoire s’offre à lui. STEM est une intelligence artificielle qui lui propose l’armure idéale pour satisfaire ses pulsions primaires, dictées par sa rage passive. L’hybride presque parfait quand on y réfléchit, qui évolue aux côtés d’un homme dont la souffrance alimente sa survie et sa combativité pour la justice élémentaire. Les scènes d’actions disposent d’une chorégraphie brutale, sobre et d’un cadrage mécanique qui harmonise toute la connexion qui unit Grey et STEM.
En revanche, on déplore des personnages secondaires qui affaiblissent le caractère capricieux des sous-intrigues, ne pouvant que se recouper avec l’enjeu principal, ce pour quoi nous acceptons cette escapade entre la marionnettiste et son pantin. Les méchants quant à eux éblouissent sur le peu de temps de présence identifié. On préfère s’axer sur le développement d’un individu qui cherche une sorte de rédemption. Il est torturé pour des choix qu’il n’assume pas, bien qu’il en soit le commanditaire. Le gore, pas toujours nécessaire, crédibilise tout de même le sujet. On nous montre à quel point la chair est fragile et non-éternelle, c’est ce qui nous laisse dans l’ambiguïté quant au dénouement assez prévisible, mais qui tient son charme et sa touche ludique.
« Upgrade » envoie ainsi un message, qui sonne comme un appel au renouveau. On cherche souvent à optimiser ce qui existe déjà. Dans ce monde futuriste, encore comparable à notre environnement actuel, l’humain est largement dépassé par la technologie et se voit même fusionner avec elle, jusqu’à devenir des cyborgs ou des hybrides encore plus complexes. On nous questionne peu, mais on nous laisse un bel univers impitoyable et immersif, où le graphisme, la cohérence et la violence ne bouderont pas notre plaisir de suivre la croisade entre la mortalité et l’éternité.