Jason Blum est centré sur un modèle de production principal,en l’occurrence celui des films d’horreur à petit budget. Mais, parfois, il s’autorise des digressions intéressantes. « Get Out » en est le parfait exemple car le film s’est retrouvé aux Oscars mais on peut aussi se rappeler du retour en force de M. Night Shyamalan avec le chef-d’œuvre « Split » et bientôt de sa suite. « Upgrade » fait partie de cette catégorie ou le producteur démiurge reste dans le petit budget et la série B mais quitte le film d’horreur pur à destination des adolescents. Ici, il fait pour la première fois équipe avec le co-créateur de « Saw » et « Insidious » avec James Wan, Leigh Whannell, et lui donne quelques millions (moins de cinq parait-il) de budget pour réaliser son petit film mêlant action et science-fiction. Le résultat dénote assez dans le paysage cinématographique actuel pour de bonnes comme des mauvaises raisons. En effet, on assiste à une sorte de petit préquel fauché - mais qui a belle allure - de films des années 80 comme « Terminator » ou « Robocop », où la mode est au mélange de l’homme et la machine, le cyborg en somme. Ces films doivent être d’ailleurs la référence première d’un metteur en scène bercé à ces productions dans sa jeunesse. On pourrait aussi rapprocher ce film venu d’Australie du méconnu mais carrément génial « Equilibrium » avec Christian Bale, sorti dans l’ombre de « Matrix » qui avait la même tonne d’idées à la pelle, le même type de scènes d’action innovantes et bien hargneuses tout comme un regard amoureux sur le genre. Mais ce dernier était néanmoins plus abouti que ce juste sympathique « Upgrade » qui n’a pas toujours les moyens de ses ambitions et souffre de quelques scories notables l’empêchant d’être davantage qu’un bon divertissement du samedi soir.
D’abord, louons la beauté visuelle de « Upgrade ». On a franchement l’impression que cette production a coûté dix fois plus que son budget réel. Si la vision d’un futur proche où les machines commencent à prendre le pas sur l’homme est loin d’être nouvelle, Whannell fait visuellement des efforts pour se démarquer du tout venant. Parfois, et insistons bien sur le côté toutes proportions gardées, il y a des réminiscences du « Blade Runner 2049 » de Denis Villeneuve tant les plans sont beaux et le décorum mis en place pertinent, de la maison sous une plage de l’inventeur milliardaire à ce quartier malfamé où se retrouvent les criminels. Whannell a un œil à l’esthétique racée et il le prouve comme il peut. Ensuite, les idées folles pleuvent comme ces armes incorporées dans le corps où cette technique de combat surprenante et qui amène des montées de violence inattendues mais jouissives, qu’on ne verrait pas dans un gros blockbuster du genre. L’histoire, si elle n’est pas révolutionnaire et que la fin est tout de même un peu prévisible, est probante et se suit avec intérêt. Mais face à cela, il y a de gros problèmes de direction d’acteurs. Hormis le rôle principal incarné par un Logan Marshall-Green investi et charismatique, le reste du casting manque d’une direction d’acteurs digne de ce nom et souffre de dialogues de série B, basiques et sans intérêt. Il manque d’une scène d’action, voire plusieurs, qui en mette plein les mirettes, les combats sont trop courts donc frustrants et la poursuite en voiture est ratée. On sent parfois le long-métrage bloqué dans les années 80 ou 90. Il y a également de légères baisses de rythme, car entre les aspects action et science-fiction remarquables, peu de psychologie, peu de mythologie, donc peu d’intérêt. En dépit de l’ambition, « Upgrade » reste donc une série B divertissante mais parfois maladroite.
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