Il n’est pas impossible, qu’un jour, germe quelque part l’idée de réaliser un biopic consacré à Ziad Doueiri. Voilà un libanais de culture musulmane sunnite, né au Zaïre, dont les parents, musulmans laïcs, soutenaient la cause palestinienne, qui a connu le début de la guerre civile du Liban, qui est parti pour les Etats-Unis à l’âge de 20 ans pour y suivre des études de cinéma, qui a travaillé avec Roger Corman, Joe Dante et, surtout, Tarantino, qui est revenu dans son pays en 2001, qui a épousé Joëlle Touma, issue d’une famille chrétienne phalangiste et dont la mère était amie avec Bachir Gemayel, qui a 3 nationalités, libanaise, américaine et française, qui a réalisé "West Beyrouth"," L’attentat" et "L’insulte", des films consacrés à la situation au Moyen Orient, mais aussi la plupart des épisodes de "Baron noir" et qui voit son dernier film proposé pour représenter le Liban aux Oscars au moment même où il était convoqué par un tribunal militaire … libanais pour avoir tourné L’attentat en Israël.
Dans le film, une altercation met en scène Yasser Salamé, un contremaitre palestinien dont l’équipe travaille dans un quartier chrétien et Toni Hanna, le propriétaire d’une maison dont le tuyau qui permet d’évacuer l’eau du balcon n’est pas aux normes. Yasser est du genre coopératif mais il peut se montrer verbalement vindicatif lorsqu’il est confronté à la bêtise et même violent lorsqu’il se sent insulté. Toni n’est pas forcément un mauvais bougre mais il ne brille pas vraiment par son intelligence. Comme la femme de Toni est enceinte et comme la suite de l’histoire va avoir des conséquences sur cette situation, ce petit conflit très banal, récupéré par des avocats, va petit à petit devenir un gros problème au niveau national.
Même si la production du film est en très grande partie française, avec, entre autres, Julie Gayet et Rachid Bouchared parmi les producteurs, "L’insulte" est avant tout un film libanais. C’est d’ailleurs ce film qui représentera le Liban pour les prochains Oscars : il fait partie des 5 films qui vont concourir très prochainement pour l’attribution de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Après "L’attenta"t, Ziad Doueiri prouve à nouveau qu’il est un grand réalisateur capable de rendre passionnantes les conséquences d’une altercation banale, et, ce faisant, capable de présenter un état des lieux honnête de la situation particulièrement compliquée d’un pays qui est loin de s’être complètement remis de la longue guerre civile qui l’a embrasé, son pays d’origine, le Liban