Une histoire de gouttière de balcon, une insulte à propos d’une broutille, une fierté mal placée, un coup de poing bien placé, une plainte, un procès, des conséquences familiales graves, un appel en justice, des solidarités communautaires, des émeutes et des affrontements de rue, une intervention politique, et bien sûr le flot de bien-penseurs médiatiques, religieux et philosophiques de tout poil qui jettent de l’huile sur le feu. C’est comme ça que démarre une guerre. A un point que même nos deux enragés de départ, l’un Libanais chrétien militant et l’autre refugié Palestinien au Liban, écœurés par la disproportion et la puanteur déclenchées, se trouvent forcés d’exorciser leurs propres tragédies.
Les aventures humaines, autant que les audiences qui ébranlent tout le pays, dévoilent la gouvernance sous-estimée des non-dits, souverains des têtes et des cœurs, juge compris, forçant ce qui devient le procès de la guerre civile libanaise comme celui de la cause palestinienne. Témoignages, prises de conscience et bouleversements successifs, tant atroces que poignants, révèlent et dénoncent les abominations sanglantes des blessures ouvertes trans-générationnelles à l’échelle des individus comme des peuples, l’intolérance vis-à-vis de l’encombrante masse refugiée au Liban, les enjeux passés et les perspectives belliqueuses.
Ce drame pourrait ne pas être une fiction tant il repose sur les épisodes tragiques d’une histoire récente et actuelle, tant le réalisme de la folie revancharde est vibrante, tant l’évidence des associations psycho-historico-affectives dirigent les comportements. La facilité des incendies idiots et ravageurs sont magistralement déployés, autant que la longue et difficile voie du courage et de l’intelligence, dont l’étonnante simplicité éviterait si vite l’horreur, dès l’instant où l’on s’ouvre à la hauteur, à la compréhension et au pardon.