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Armand E.
52 abonnés
8 critiques
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5,0
Publiée le 2 février 2018
Un bijou d’humanité, une fable parfaitement interprétée par des comédiens d’une rare justesse, et le rythme que Ziad Doueiri a su insuffler à des œuvres telles que « L’attentat » ou « Baron Noir »
« L’insulte » de Ziad Doueiri connu depuis « West Beyrouth » primé à Cannes en 1998 et actuellement pour la série « Baron noir », montre comment dans le Beyrouth actuel à partir d'une simple querelle de rue entre Tony, Libanais nationaliste chrétien, et Yasser, réfugié palestinien, on aboutit à une affaire d’état. Ni l’un ni l’autre, blessé au plus profond de leur âme par une insulte à caractère raciste, ne veut présenter ses excuses malgré les conseils initiaux de leurs entourages et les 2 avocats de rapidement faire monter la pression via une rhétorique qui va rapidement dépasser les faits initiaux à savoir un simple problème d’écoulement des eaux ! C’est un excellent film qui montre si besoin en était comment des blessures profondes impossibles à cicatriser réellement car ici liées à la guerre civile qui a ravagé le Liban entre 1975 et 1990, peuvent se réveiller brutalement et exploser si la situation sociale et politique s’y prête. Les deux acteurs (Abdel Karam et Kamel El Basha) et l’avocat de Tony (Camille Salamé) jouent à merveille et la façon de filmer et le montage font que ce très grand film a été retenu pour les Oscars du meilleur film en langue étrangère lors de la prochaine cérémonie. A noter que Julie Gayet est une des productrices de ce film franco-libanais et que le réalisateur a été interpellé à son retour de la Mostra de Venise pour comparaître devant un tribunal militaire … du fait d'un déplacement en Israël pour un de ces précédents films (« L’attentat » - 2013) contrevenant ainsi à la législation de son pays ! Dures, dures, les séquelles des guerres quels que soient les pays … et à vrai dire quelle que soit l’époque même s’il est vrai que « Personne n’a le droit de s’approprier de la souffrance ». Un film qui mériterait d’être projeté lors des cours de Philo au lycée.
L'Insulte aborde l'histoire libanaise et ses répercussions sur les hommes. Equilibré, juste et super bien filmé... à Beyrouth. Pour ceux qui ne connaissent pas la ville, c'est le moment de la rencontrer sur grand écran! Super prestation de deux acteurs arabes: Adel Karam (le personnage principal) et Camille Salamé (qui joue l'avocat). A voir absolument!
L'histoire est superbe. J'ai beaucoup appris tout au long du film. Mes sentiments envers le personnage libanais chrétien ont également évolué tout au long du procès. Cependant je le trouve malheureusement déséquilibré. Même si des arguments sont donnés pour essayer d'expliquer la souffrance du palestinien je les trouve moins approfondies, plus anecdoctiques. J'ai également été déçue de la réalisation du film qui coupe des scènes (spoiler: la relation entre les avocats, la perte du travail du palestinien ne sont que des éléments qui ne sont jamais réutilisées plus tard ). la musique également est omniprésente. J'avais le sentiment de regarder une série qui se dépêche de tout raconter en 1h50. Malgré ses défauts je ressors curieuse et enrichie du film durant lequel j'ai passé un bon moment oscillant entre colère désespoir et acceptation. spoiler: La phrase de l'avocat du libanais résumé bien l'histoire de tout pays cicatrisant d'un conflit : quand est-ce que la civilité ne sera plus un signe de faiblesse mais de respect ?
Un très beau film qui au delà du proche-orient, aborde des thématiques universelles. A montrer au plus grand nombre..! Nota: la critique n'est pas unanime, je note quelques pisses-froid comme T.Sotinel, c'est un peu comme avec "Au-revoir la haut" de Dupontel, parce que c'est de Dupontel, ça ne peut être qu'une bouffonnerie et pas un très grand film. Oubliez le mépris, oubliez les snobinards , allez-voir ce film et faites-vous votre propre opinion!
Ziad Doueiri délaisse les intrigues de cour de la série Baron Noir pour nous entraîner dans celle d’un tribunal beyrouthin où l’on statue sur un fait divers a priori anodin. Le film nous montre avec justesse comment une étincelle devient brasier, comment les mots engendrent les frustrations, comment les rancœurs se transforment en guerres. Radiographie d’une société libanaise fracturée qui n’à jamais pansé les plaies des années sombres, prête à re-basculer dans le chaos. Un film utile et précieux, immensément bien joué, qui nous raconte que la souffrance n’est pas l’apanage d’un seul peuple, que seul le pardon permet d’avancer. Une œuvre qui nous concerne tous.
j'ai rarement vu au cinéma des sujets tel traiter de façon aussi complète et total. c'est une logique que l'on peut étendre a de nombreux problème, quand la souffrance pend le pat sur le rationnel et rend l'homme avide de vengeance, il finit par se trouver de faux coupable quitte à créer une nouvelle victime.
Fabuleux! Un peu hésitante au début ne sachant comment le film allait évoluer, je me suis laissée porter par ces personnages attachants, d’une incroyable justesse pour enfin entrer dans l’histoire, d’une formidable absurdité et profondeur à la fois. Impossible de choisir un camp, il n’y a pas de tort ou raison ici mais juste une difficulté à vivre des histoires d’hommes débarassés de l’Histoire
Comment un simple échange verbale entre deux individus d'origines différentes peut devenir une affaire d'état, c'est ce que "L'Insulte" nous démontre. Le scénario est bien conscrit sur l'enchainement des péripéties. On regrette un peu que cela devienne une véritable affaire d'état alors que le sujet aurait pu rester dans la sphère privée et impliquer d'avantage les protagonistes et leurs entourages. Mais la manière dont le sujet est abordé avec les problèmes d'immigration et les passés douloureux du Liban et des Palestiniens explique la volonté des scénaristes à emprunter ce chemin. La réalisation est assez inégale. Certains passages sont filmés avec beaucoup de finesse alors que d'autres donnent mal à la tête. Les acteurs sont convaincants. La bande originale est par contre un peu assourdissante. Malgré ses défauts, le film a des qualités indéniables grâce à un contexte et une situation qui le permettent.
En 2016 à Beyrouth deux hommes s'insultent et en viennent aux mains. Toni, la quarantaine, est un militant des Forces libanaises, une ancienne milice chrétienne violemment anti-palestinienne. Yasser, la soixantaine, est un réfugié palestinien, chassé de Jordanie en 1971.
Ziad Doueiri est le réalisateur de la série "Baron noir". On retrouve dans "L'Insulte" la subtilité, l'intelligence, la complexité qui caractérisent la série à succès de Canal Plus.
La situation politique au Liban est autrement plus explosive que celle de la fédération PS du Nord. Faisant abstraction du Hezbollah pro-iranien et de l'ombre portée par le puissant voisin syrien (considérablement affaibli depuis 2011), "L'Insulte" se concentre sur les deux principales forces dont Toni et Yasser se font, à leurs corps défendant, les porte-drapeaux. D'un côté les chrétiens qui se posent en gardiens de l'identité nationale. De l'autre les Palestiniens qui, chassés de tous les pays de la région, ont immigré en masse après Septembre noir, ont plongé le pays dans la guerre civile et y vivent encore en nombre, tolérés du bout des lèvres au nom de la solidarité arabe face à l'ennemi israélien honni, mais relégués à un statut de paria.
Alors qu'il effectue avec son équipe, composée pour l'essentiel de Palestiniens travaillant au noir, des travaux de construction dans un quartier phalangiste, Yasser s'inquiète du danger provoqué par la gouttière de l'appartement de Toni. Il lui demande d'y remédier. Face au silence buté de Toni, il fait procéder lui-même à la réparation. Toni s'énerve, détruit la gouttière à coups de marteau. Yasser prend la mouche et le traite de "sale con". L'insulte est inacceptable. Toni exige des excuses. Yasser renâcle mais son patron le convainc. Il est sur le point de les présenter à Toni quand celui-ci l'insulte à son tour "Sharon aurait dû vous exterminer tous". Le sang de Yasser ne fait qu'un tour : il frappe Toni violemment et lui casse deux côtes.
La bande-annonce de "L'Insulte" laisse subtilement planer le doute sur la nature de l'insulte proférée par Toni qui a provoqué la réaction violente de Yasser. Le résumé détaillé que je viens de faire des premières minutes du film lève ce mystère mais pose les termes du film dans toute sa complexité. Car la situation n'est pas manichéenne. Il n'y a pas un agresseur et un agressé : si Yasser a porté les coups, c'est lui qui a reçu l'insulte.
S'ouvre un procès. celui qu'on voit dans la bande-annonce n'est qu'un amuse-bouche. Il y aura un appel. Les pénalistes y verront à redire tant les principes les plus simples de la procédure y sont mis à mal. Ils se formaliseront légitimement que l'avocat du plaignant soit le père de celui du défendeur en violation flagrante des règles déontologiques. Mais ce qui est perdu en orthodoxie procédurale est gagné en intensité dramatique. Les nombreux rebondissements qui ponctuent l'audience maintiennent la tension jusqu'au dénouement. Dommage que celui-ci, par son simplisme - il faut hélas bien que l'inculpé soit condamné ou libéré - ne permette pas de trouver une issue plus équilibrée à un problème sans solution.
L'Insulte est un film de guerre car il analyse une guerre des mots qui dégénère en un échange de coups entre deux hommes trop fiers d'admettre leurs torts. Le film nous offre cette situation comme une métaphore pour décrire les relations entre les chrétiens de Liban et les réfugiés palestiniens dans ce pays. Pendant que le film essaye de trop faire parfois, la sobriété et la subtilité dans toutes les relations dans le film font que le film est une réussite.
C'est une histoire toute bête qui dégénère en affrontement médiatique dans les tribunaux, allant jusqu'à déchirer le pays. C'est l'histoire d'un type qui en insulte un autre, d'hommes qui souffrent et qui usent la violence (celle des mots et celle des gestes) face à une situation dont ils perdent le contrôle. A Beyrouth, ce conflit entre Toni, le chrétien libanais et Yasser, le réfugié palestinien, est l'étincelle qui met le feu aux poudres d'un pays ayant encore du mal à guérir de ses blessures. Elles sont là, visibles à chaque coin de rue et pourtant tout est parti d'une simple insulte. Se basant sur une expérience qui l'a marqué, le réalisateur Ziad Doueiri (réalisateur de "L'attentat" et accessoirement premier assistant-caméra sur les trois premiers films de Tarantino) et sa co-scénariste ont décidé de livrer un film totalement impartial sur le conflit qui déchire le Liban. Et si au tribunal il y a l'accusé et la victime, les rôles peuvent aisément s'inverser. Ce que le film applique à ses deux personnages s'appliquent également de façon universelle. A l'instar de "3 Billboards" sorti plus tôt cette année et dans un registre différent, "L'insulte" tend à montrer toutes les complexités de l'être humain qui n'est jamais tout blanc ni tout noir. Chaque scène centrée sur Toni ou sur Yasser, chaque confrontation au tribunal est là pour prouver que le manichéisme n'existe pas et que personne, ni les chrétiens libanais, ni les réfugiés palestiniens, ni les autres, n'a l'exclusivité de la souffrance. Armé d'une écriture en béton armé où chaque scène tend à donner de la profondeur au récit, le film nous plonge dans un pays déchiré par des conflits stupides, des conflits qui durent mais d'où personne ne sort vainqueur. La vérité c'est que la violence est horrible, voilà tout. Construit comme un film de procès rappelant le meilleur de Costa-Gavras (on pense notamment à "Section Spéciale"), "L'insulte" est un film fort, refusant volontairement la moindre prise de position, renversant sans cesse les sentiments du spectateur. Interprété par des acteurs au charisme saisissant que l'on découvre, le film est une ode à la compréhension, à l'ouverture aux autres et au respect mutuel. Si l'on pourrait lui reprocher l'utilisation de quelque ficelles narratives peut-être un peu faciles, Ziad Doueiri a la bonne idée de ne jamais les souligner et offre au spectateur un très grand moment de cinéma particulièrement tendu au dénouement habile et bouleversant, confirmant l'intelligence d'un film capable de tous nous parler.
L’insulte est plus qu'un film c'est Chef d'oeuvre, sélectionné pour l'Oscar du meilleur film étranger. L'histoire se passe à Beyrouth 30 ans après la guerre un accident banal, cette simple dispute est à l'image des séquelles de la population, entre un Libanais et un Palestinien prend une ampleur nationale. A voir absolument
Tout est excellent : le scénario, la réalisation et les acteurs. Un film efficace, nuancé, où l’on découvre une partie de la complexité du Liban et la profondeur de certaines haines. J’espère qu’il a ses chances pour les Oscars!