Embarquer des jeunes dans un projet d'écriture collective, confronter les points de vue, supporter les altérités et se respecter. Voilà l'enjeu de cet atelier d'écriture. L'adolescence, c'est l'énergie pulsionnelle à fleur de peau, l'audace, les débordements, la verve, les coups de gueule et également le désarroi face à la feuille blanche. Qu'est-ce qui va surgir, personne ne le sait. L'écrivaine a beau avoir des idées, tout ce qui est préconçu devra être expulsé chez elle, comme chez les jeunes. Alors l'aventure pourra commencer, chacun pourra s'engager. C'est une belle idée que de donner l'écriture comme une perspective pour s'en sortir aujourd'hui. Manier la lettre, c'est avoir prise sur le monde, c'est pouvoir s'exprimer dans un cadre délimité par le temps et l'espace, tout en offrant à l'imaginaire la possibilité de se déployer, mais non de façon anarchique et incontrôlable, bien plutôt dans une idée de liberté de penser, de déployer les ailes de son imagination, plutôt que de déposer les armes devant l'autel du virtuel des jeux vidéo, par exemple. Populisme versus djihadisme traversent ici les échanges, comme si aujourd'hui la pensée complexe était parasitée par ces logiques binaires, qu'il n'était dès lors plus possible de résonner hors du cadre sécuritaire devenu une donnée ordinaire de notre quotidien, comme si la culture du profit avait anéanti les velléités contestataires d'antan en précarisant les travailleurs. La fermeture du chantier naval de La Ciotat était un drame, aujourd'hui c'est une fermeture parmi d'autres. La fragilité généralisée a été instaurée. Les fonctionnaires deviennent des privilégiés, des nantis, alors que les riches s'enrichissent toujours plus : c'est ce que pointent les jeunes en situant l'intrigue soit dans l'ancien chantier naval avec son histoire et celle de ses luttes, soit en s'orientant vers les yachts de luxe. La dimension politique de ce film est finalement patente.