Call Me by Your Name, réalisé par Luca Guadagnino, est un récit délicat sur le premier amour, la jeunesse et les souvenirs. Situé dans le cadre enchanteur d’un été italien des années 1980, le film captive par sa sensualité visuelle et la sincérité de son approche, mais son rythme méditatif et ses choix narratifs laissent parfois le spectateur en quête d’une connexion plus profonde.
Luca Guadagnino met en œuvre une esthétique raffinée, où la lumière estivale et les paysages italiens jouent un rôle central. Chaque scène est une peinture vivante, magnifiquement capturée par la caméra de Sayombhu Mukdeeprom. Cette attention au détail crée une atmosphère immersive, mais peut également ralentir le récit, en particulier pour ceux qui attendent une progression narrative plus dynamique.
Les choix de mise en scène privilégient une approche subtile, presque impressionniste, qui s’aligne sur l’introspection d’Elio, le protagoniste. Pourtant, cette subtilité peut parfois ressembler à une retenue excessive, empêchant certaines émotions de s’exprimer pleinement.
Timothée Chalamet livre une performance remarquable en tant qu’Elio, incarnant avec authenticité les incertitudes et les passions de l’adolescence. Son interprétation est le cœur battant du film, offrant des moments de vulnérabilité poignants. Face à lui, Armie Hammer, dans le rôle d’Oliver, apporte une assurance séduisante mais peine à égaler la profondeur émotionnelle de Chalamet.
Leur relation est crédible et touchante, bien que certaines scènes manquent de l’intensité qui aurait pu solidifier leur connexion. La chimie entre les deux acteurs, bien que palpable, ne parvient pas toujours à transcender les limites de l'écriture.
La photographie en 35 mm, avec ses textures riches et ses couleurs vibrantes, confère au film une qualité intemporelle. Les paysages bucoliques et les intérieurs soigneusement décorés offrent un cadre idyllique qui complète parfaitement le ton nostalgique de l’histoire.
La bande originale de Sufjan Stevens ajoute une autre dimension, ses mélodies mélancoliques résonnant avec les thèmes de l’amour et de la perte. Cependant, la musique, bien qu’élégante, ne parvient pas toujours à combler les silences narratifs, laissant certains moments clés manquer d'impact émotionnel.
Le film aborde des thèmes riches — le premier amour, l’éveil de soi, et la fugacité des instants précieux. Pourtant, l’écriture semble parfois hésiter à creuser plus profondément ces sujets. Le traitement de la différence d’âge entre Elio et Oliver, bien qu’élégamment présenté, aurait pu bénéficier d’une exploration plus nuancée, donnant plus de poids à leur dynamique.
Le monologue du père d’Elio, interprété par Michael Stuhlbarg, est un moment fort, un rare instant où les émotions du film trouvent un écho universel. Sa sagesse et sa tendresse offrent un contrepoint mémorable à la douceur et à la mélancolie qui imprègnent le reste de l’histoire.
Call Me by Your Name est une œuvre esthétiquement magnifique, portée par une performance mémorable de Timothée Chalamet. Malgré sa beauté visuelle et son atmosphère enveloppante, le film reste en surface dans certains aspects émotionnels et narratifs, laissant le spectateur avec une impression de distance. C’est une expérience cinématographique enrichissante, mais qui n’atteint pas toujours son potentiel maximal.