Je ne possède pas les connaissances cinématographiques des amis cinéphiles qui expriment si bien leurs critiques dans cette rubrique très ouverte et utile d’« AlloCiné ».
Néanmoins, comme j’ai (beaucoup) aimé « Call me by your name », je vais essayer de défendre mes points de vue, d’une manière naïve et sincère, en commentant quelques-uns des avis négatifs que j'ai lu.
Trois arguments négatifs ont attiré mon attention.
Le premier est celui de « ne pas pouvoir s’identifier aux personnages » parce qu’« ils appartiennent à une bourgeoisie aisée et cultivée, très éloignée du commun des mortels »
Mise à part une certaine « xénophobie » un tantinet « marxiste » contre « les bourgeois », je ne comprends pas pourquoi il faut s’identifier aux personnages pour pouvoir aimer un film.
Étant donné la complexité et le nombre quasi infini de personnages qu’on peut découvrir dans la cinématographie internationale, si nous devions nous identifier à eux pour pouvoir apprécier un film, nous serions très limités dans nos choix.
J’avais cru comprendre que, bien au contraire, il fallait pratiquer la « distanciation » afin de développer davantage notre esprit critique.
De fait, l’un des aspects qui m’a le plus ému dans ce film, est la façon dont la famille et les villageois mènent une vie simple et saine, montrant un grand pouvoir de compréhension et une énorme ouverture d’esprit.
Je les ai trouvés d’une extraordinaire qualité humaine et j’aurais bien aimé les avoir comme amis. J’ai eu le sentiment d’avoir pu devenir meilleur à leur contact. Et cela m’a rendu nostalgique d’un passé que je n’ai jamais vécu.
Le deuxième argument exposé pour justifier une « mauvaise note », c’est la lenteur du film.
Effectivement, « Call me by your name » se déroule à un rythme lent, surtout durant sa première partie.
Mais il ne pouvait pas être autrement !
Les sentiments, d’abord ambigus, puis mutuellement acceptés des protagonistes, évoluant dans un petit village italien en 1983, ne pouvaient avancer qu’avec hésitation et parcimonie.
L’éveil à l’homosexualité est un processus long, compliqué et douloureux.
Comment exprimer les nuances de cette évolution si le réalisateur était passé directement de leur rencontre à leurs premiers ébats sexuels ?
Cette cadence « lente » est propre aux amours homosexuelles, parce que leurs conséquences –qui peuvent être tragiques des points de vue social et humain- n’ont rien à voir avec celles des rapports hétérosexuels : il faut se découvrir peu à peu et vaincre les craintes de la famille et de la société qui les jugent et, souvent, les condamnent.
Mais, surtout, il faut surmonter leurs propres peurs sur le futur qu’ils peuvent attendre s’ils se décident à vivre une relation homosexuelle.
D’ailleurs, cette lenteur ajoute un certain suspense parce que le spectateur se demande si, finalement, cette tension palpable entre les deux protagonistes, aboutira à quelque chose, tout en souhaitant que cela arrive.
Et, finalement, le troisième argument négatif, fait référence à une « histoire d’amour insipide », parce que, « si la même histoire avait eu lieu entre un garçon et une fille, le film n’aurait jamais vu le jour ».
Indiscutablement, c’est le sujet d’un amour « interdit », parce qu’homosexuel, dans le cadre d’un village italien en 1983, qui donne toute l’essence au film.
Même de nos jours, dans les grandes villes, accepter son homosexualité et oser afficher le grand amour avec quelqu’un du même sexe, constitue un défi qui n’est toujours pas évident à supporter. Alors, que pouvait-on attendre d’une situation semblable dans un petit village italien au début des années quatre-vingt ?
Bien sûr que l’amour entre un garçon et une fille, dans ce contexte-là, n’aurait pas eu le même intérêt cinématographique.
Non pas que l'amour hétérosexuel soit moins vrai, beau et intense que l'amour homosexuel : l’Amour est universel et ne dépend pas du sexe, de l’âge ni de l’extraction socioculturelle.
Mais, sans aucun doute, les amours homosexuelles sont tourmentées, difficiles et incertaines. Elles facilitent la mise en évidence de la complexité des rapports humains et sociaux, permettant ainsi à une « simple histoire d’amour insipide » de devenir une ode à la tolérance et un miroir de notre humanité.