Linceul au monde…Il a 28 ans sortait cette histoire d’amour Marshmallow, un authentique feel Gosht movie rentré a la postérité avec cette scène d’un érotisme suggestif ou Patrick Swayze aidait Demi Moore a faire de la poterie (waw !). Un 50 nuances de glaise pour ce fantôme coincé sur terre, devenu spectateur d’une vie qu’il a accidentellement abandonné, aux ressorts dramatiques aussi cul-cul la praline que « Pretty Woman », autre guimauverie sortie le même mois.
Avec ce nouveau Gosht flick, Lowery amorce d’emblée une sorte de relecture du film de Zucker dans lequel un couple file le bel amour avant que l’homme ne se tue dans un accident de voiture et revienne hanter son petit nid sous la forme d’un fantôme .
J’avoue, timide et sans complexe, que la partie introductive m’a plutôt décontenancé, et que cela tient du miracle que je n’ai pas lâché l’affaire dés le premier quart d’heure. Voir ce tissu blanc recouvrant le cadavre se redresser, deux trous au niveau des yeux, et quitter la morgue avant de traverser le champ, puis de regagner la maison, au prix de longs et lents plans séquences, je me suis dit que j’étais dans de sales draps…
Si le reste du métrage ne gagnera pas en vitesse de lecture, le rythme soporifique global ne parviendra pourtant pas a me faire lâcher l’étrange affaire. Il est a présent clair que « A Ghost Story » ne concourt pas dans la catégorie des films d’action, ni celle de l’horreur, pas plus que des friandises terreuses, et c’est en ça qu’il fonctionne comme une expérience assez unique.
Dans cette maison middle class, naturellement épurée, l’attitude statique du revenant calque avec l’ambiance d’une pellicule qui joue résolument et volontairement avec une vitesse proche de l’immobilisme. Aucuns effets spéciaux, un simple drap (troué, quand même…) comme seul élément fantastique, pas de recherche de performance a la caméra avec des plans simples, le plus souvent arrêtés, quasiment pas de dialogues, un score discret…et nous voila pourtant enveloppé par une viscérale histoire d’amour et de solitude, le tout d’une abyssale tristesse.
Le réalisateur accomplit le tour de force de nous mettre dans le tissu de ce pauvre type condamné a errer pour l’éternité, spectateur impuissant comme nous des aléas du temps qui passe, et de cette vie qui lui a échappé mais qui continue a dérouler son fil. Celui d’une compagne qui refera sa vie et vendra la maison, l’arrivée de nouveaux occupants, avant de voir les tractopelles détruirent la demeure pour laisser à la place pousser des buildings. La métaphore n’est certes pas des plus finaudes, mais elle fonctionne par expérimentalisme et simplicité la ou un «Mother!»( Darren Aronofsky 2017), récent champion des allégories, nous asphyxiait avec sa machine friquée a fabriquer des messages. « A Ghost Story » est aussi incarné et touchant, que le métrage de Aronofsky était vide et vaniteux.
Voir le fantôme contempler les moments ordinaires de la vie de sa veuve,
ou être pris de colère quand une nouvelle famille s’installe en effrayent cette mère et ses deux enfants, ou ce drap blanc hanter les murs grisâtres de ces constructions moderne, quand ce n’est pas le cadavre de cet enfant tué par un indien lors de la conquête de l’ouest
, sont autant de scènes crèves cœur, de celles qui procurent des émotions simples, d’une incroyable sensiblerie. Une preuve de plus, s’il le fallait, qu’il ne suffit de sortir le canon a billet verts pour faire couler des larmes, un phénomène assez rare a une époque ou le bigger and louder est justement de mise.
Si vous etes plus porté sur la pâte a modeler que la couture, passez votre chemin ! Son format globalement austère, son coté fortement auteurisé, l’aspect « art et essai » parfois assez pesant, pourront en dérouter pas mal, comme j’ai failli l’être très tôt. Mais au final, si vous tentez l’aventure, ces scories visuelles et scénaristiques participeront à l’immersion dans cet anti « Gosht », aux antipodes de la mièvrerie.
Et le drap de l’émotion devrait recouvrir votre cœur bien longtemps après le générique de fin….suffisamment pour que je me risque a cette romantique phrase conclusive.