Et bien... Pas évident d'écrire une critique très concrète après le visionnage de « A Ghost Story ». La première demi-heure n'a d'ailleurs pas été loin du calvaire : au-delà du format très amateur, il y a de quoi être effrayé... non pas par le fantôme, mais par l'hallucinante vacuité d'ensemble, à base de caricature de cinéma d'auteur et de plans durant des plombes pour n'exprimer absolument rien, la scène de la tarte étant à ce titre un modèle du genre : à voir pour le croire. Heureusement, alors que je n'étais pas loin de croire à une vaste plaisanterie et à m'insurger face aux critiques élogieuses dont le film est régulièrement auréolé, il se passe quelque chose. En fait, tout démarre plus ou moins à partir du moment où M quitte la maison. Là, les intentions deviennent plus claires, une vraie réflexion se met en place : c'est toujours lent, mais cela passe nettement mieux, on apprécie plus l'audace et l'originalité de l'œuvre car placés dans un dispositif ayant du sens, notamment quant à
notre rapport au temps et la brièveté de notre passage sur Terre, l'évocation d'un futur pas forcément très rassurant, emprunt d'une profonde solitude quant à l'incapacité de notre fantôme à entrer en contact avec le moindre vivant
. Après, les fans y trouveront sans doute une dimension métaphysique et des tas d'interprétations m'ayant clairement échappé : cela ne me pose aucun souci. D'ailleurs, j'ai aimé ce côté « Machine à explorer le temps », cette façon de voir défiler les années à toute vitesse à travers l' « histoire » d'une maison, ce choix de faire du héros un simple observateur, presque constamment passif, dont on ne sait presque jamais les sentiments ou ressenti face aux événements qu'il observe. Bref, il faut être clair : ce film n'est pas pour tout le monde. Il reste presque constamment dans une logique « arty », ne propose que très peu d'action et on ne comprend pas toujours tout, notamment concernant cette capacité à voyager à travers les époques. Mais pour ceux qui auront réussi à survivre à l'épouvantable premier tiers, la suite devrait être une jolie récompense, ou au moins amènera t-elle du sens et de belles interrogations, très universelles, aussi économe en dialogues (long monologue existentiel excepté!) que forte en images et en musiques accompagnant fort élégamment le propos. Au vu du ressenti initial, je n'aurais jamais pensé écrire cela, mais « A Ghost Story » peut mériter le coup d'œil, à condition de bien savoir dès le départ où l'on met les pieds. Vous voilà prévenus.