L’affiche de A Ghost Story fait très envie, difficile de la rater, simple et mystérieuse avec des critiques dithyrambiques qui nous font croire que l’on va assister à un chef d’oeuvre. Faux.
Il faut se faire violence pour rester sur son siège durant la première moitié du film. On passera sur les choix du format de l’écran et l’espèce de drôle de filtre sépia. Tout est très lent, de nombreuses scènes pourraient être écourtées. Comme celle où Rooney Mara et Casey Affleck se câlinent et s'embrassent dans leur lit. Rien d’obscène la dedans, la scène aurait pu être jolie si elle avait duré deux minutes de moins. Et comment parler de la longueur des scènes sans parler de celle de la tarte.. Je somnolais au début du film, lorsque j’ai fermé les yeux le personnage de Rooney Mara ( est-ce que ce personnage a un prénom ? ) était en train de manger une tarte à même le plat, lorsque j’ai rouvert les yeux, elle était toujours en train de manger cette tarte et le supplice a encore duré quelques minutes à mon réveil. Il est difficile de lutter contre l’envie de partir de la salle lorsque l’on regarde un plan fixe long de presque 10 minutes d’une femme assise par terre qui mange une tarte avant d’aller la vomir.
Rooney Mara qui est pourtant une actrice que j’affectionne en règle générale ne m’a pas touché une seule seconde. On n’arrive pas à ressentir sa douleur. Elle est toujours silencieuse, le regard dans le vide, pas une seule larme, pas un seul mot.
Elle reste figée devant le corps sans vie de son compagnon à l’hôpital et s’en va sans rien dire ni même montrer le moindre signe de tristesse ou d’effroi. Elle passe du temps sans rien faire, allongée par terre à écouter de la musique, assise par terre à manger sa tarte, pour moi c’est elle le vrai fantôme du film. Elle ne semble même pas touchée lorsque Casey Affleck lui fait écouter cette très belle chanson qu’il semble avoir composé en pensant à eux.
D’ailleurs point positif pour la B.O. À chaque fois que la musique arrive on ressent un profond soulagement, enfin le silence pesant cesse et on n’a plus à entendre la moindre respiration des gens autour de nous dans la salle. Car oui A Ghost Story est extrêmement silencieux, trop silencieux mais pourtant lors du seul vrai moment bavard du film on a juste envie que cela cesse.
Un personnage dont on ne connaît rien déblatère devant ses amis des banalités faussement profondes sur la vie à base de « on va tous mourir un jour » « rien n’est éternel » « un jour le soleil va devenir une géante rouge et nous engloutir » pendant plusieurs minutes. Merci mais non merci Einstein, on s’en serait bien passé, on peut très bien retrouver ce genre de discours dans n’importe quelle fiction écrite par une ado de 15 ans.
La deuxième partie du film bien que plus supportable reste d’un vide absolu. Certaines scènes sont visuellement belles certes,
comme celles où l’on comprend que le fantôme voyage à travers le temps, déambule dans un immense immeuble, se retrouve sur le toit pendant la nuit ou encore se retrouve au temps des indiens d’Amérique
. Seulement voilà, quelques belles images ne suffisent pas à faire un bon film. Ça aurait pu faire un joli clip ou un joli court métrage mais cela ne méritait sûrement pas un film d’une heure et demi.
Ce film m’a juste fait me demander « Pourquoi ? » tout le long.
Pourquoi le fantôme se met à casser toutes les assiettes lorsque la famille se met à table ? Pourquoi disparaît-il à la fin en lisant le mot ? Qui est cet autre fantôme avec qui il communique parfois en face ? Qu’est ce que ce portail blanc qui s’ouvre lorsque le fantôme est dans l’hôpital ? Une porte vers l’autre monde comme dans la série Ghost Whisperer ? On aurait presque aimé que Jennifer Love Hewitt débarque pour aider notre ami fantôme à partir en paix, je suis presque sure que le film aurait été plus agréable à regarder ainsi.
Certains pourraient voir dans ces questionnements un choix intéressant du réalisateur visant à laisser une grosse part de mystère, le spectateur pouvant ainsi interpréter le film à sa façon ; moi j’y vois juste un énorme vide scénaristique. Je pense d’ailleurs que beaucoup de spectateurs ont comblé le vide du film par leurs propres réflexions sur la mort, l’amour et le temps qui passe, mais le film en lui même ne nous livre rien de vraiment philosophique.
Quelques belles images et des discours faussement profonds avec une jolie chanson en fond ne font pas un bon film, A Ghost Story est très creux, prétentieux et manque cruellement de générosité.