J’y ai mis du temps, mais à force de me farcir de ses films, j’ai fini par me laisser séduire par ce M. Quentin Dupieux. Pensés dans une logique de cinéma du contre-pied permanent, les films de Dupieux déstabilisent, nous égarent, voire carrément nous font sombrer dans l’absurde. Et si des films comme « Rubber » ou bien encore « Wrong » finissaient toujours par aller trop loin pour moi en termes de déconstruction, les derniers « Wrong Cops » et « Réalité » avaient fini par trouver ce qui constituait pour moi l’équilibre parfait pour m’égarer sans me perdre. C’était donc forcément avec un vrai enthousiasme que je me suis rendu « au poste ». Auteur, acteurs, format : tout était là pour me plaire… Et pourtant, voilà que j'en reviens et j'avoue n'avoir été que très peu convaincu. Je suis resté sur un rail. J'ai peu ri. Je me suis pas mal barbé. C'est triste à dire mais, pour son retour en France, j'ai l'impression que l'ami Quentin nous a servi du sous-Dupieux. C'est même assez difficile de reconnaître sa patte. La structure narrative du film est assez classique. Elle ne nous égare en rien. L’absurde ne se retrouve au final que dans des détails périphériques d'une intrigue que seule la fin bouscule un peu. Alors après – j’entends – Dupieux a aussi le droit de changer un peu de registre. Il a le droit de partir d’une structure plus conventionnelle sans forcément vouloir perdre tout le monde. Seulement moi j'ai l'impression que si ce film ressemble à ça, c'est essentiellement pour de mauvaises raisons. J'ai un peu écouté l'ami Dupieux s'exprimer au sujet de la sortie de son « Au poste ! » Il ne cessait de parler de son envie de renouer avec les classiques de la comédie française, de lui rendre hommage, de s'en inspirer. Et surtout de rompre avec son cycle californien. Intention louable certes mais, au regard de son film, j'y ai vu autre chose. J'y ai davantage vu une recherche de reconnaissance de la part d'un public mondain qui le boude. J'y ai aussi vu aussi la peur d'enchaîner derrière « Réalité » ; un film tellement abouti qu'il peut en devenir un poids pour son propre auteur. Aussi ai-je eu l'impression que dans ce « Au poste ! », Quentin Dupieux cherchait à se fuir lui-même tout en voulant se réinventer de manière assez artificielle. Parce qu'au fond, Dupieux n'appartient pas à la tradition de la comédie française. Et je trouve que ça se ressent dans le fait qu'au final, j'ai davantage eu l'impression de regarder un sketch d’une heure quinze du « Palmashow » qu'autre chose. Structure, type d’humour, présence de Grégoire Ludig : tout y participe. Or moi, les sketchs du « Palmashow », ça va justement bien tant que ça ne dure pas plus de cinq minutes. Alors certes, ce « Au poste ! » a le mérite d’être très court, il n’empêche qu’en tout et pour tout, il m’est apparu très long tant il carbure au « pas grand-chose »… Malgré tout, je n’arrive pas à le dézinguer non plus ce film. J’y ai trouvé une atmosphère plutôt sympa. J’ai quand même ri quelques-fois. Et ça fait plaisir de voir tout ce petit monde au casting… Mais bon, face au conventionnalisme du pitch de départ, et faute d’un véritable renouvellement dans les ruptures mises en place, je dois bien avouer qu’il est difficile de m’enthousiasmer pour ce film, qu’il soit un Dupieux ou non. Or, ça, c’est un peu triste quand même… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)