Sincèrement, heureusement que je ne savais pas que c'était l'un des créateurs de « Plus belle la vie » qui était derrière « À la dérive », sinon je ne l'aurais sans doute jamais découvert. Bon, rassurez-vous : esthétiquement c'est presque aussi pauvre (pas tout à fait, quand même), la réalisation de Philippe Venault étant principalement fonctionnelle. En revanche, et j'en suis le premier surpris : presque tout le reste est à saluer. Que ce soit la narration en flashback (peut-être pas totalement maîtrisée), le scénario bien construit ou encore la forte dimension sociale imprégnant le téléfilm sans en faire trop, les points positifs sont nombreux, d'autant que l'interprétation est, elle aussi, à la hauteur. Entre la belle révélation Bastien Bouillon, la toujours subtile Marie Kremer et surtout l'inattendue mais très convaincante transformation d'Antoine Duléry en homme politique aussi
séducteur que manipulateur
, tout le monde apparaît au diapason de personnages bien pensés, à l'image d'un héros dont l'évolution apparaît constamment crédible. Alors c'est sûr : ça n'est pas du tout une publicité pour le Front National, et la peinture faite ici du parti pourra paraître outrancière et caricaturale, peut-être à raison, mais le Parti Socialiste en prend aussi pour son grade et difficile de ne pas voir beaucoup d'éléments véridiques quant à des faits ayant vraiment eu lieu sous la gouvernance frontiste... C'est une œuvre de fiction qui, sans stigmatiser qui que ce soit, amène à se poser des questions sur notre société actuelle, la détresse de nombreuses personnes ayant de quoi nous interpeller sans jugement. En tout cas un téléfilm populaire intelligent et de qualité, au moins sur le fond, le casting et l'écriture : merci France Télé !