« Eva » est un film sans force, sans saveur...
Et ainsi, cette réalisation ne nous permet même pas de ne pas l'aimer en tant que telle pour le fond ou pour son histoire, tant la forme elle-même est d'une platitude sans nom !
Benoît Jacquot nous propose une intrigue qui avait pourtant bien du potentiel à devenir captivante, mais curieusement et très vite, il ne semble ne pas savoir que faire de ses deux personnages principaux qui semblent même l’embarrasser, si bien qu’aucun des deux n'arrive à dégager quelque émotion que ce soit, ou encore quelque empathie...
Entre aller-retours en TGV Paris Annecy et Annecy Paris, qui rythment artificiellement ce film, ou les quelques virées en voiture, jamais Isabelle Huppert ou Gaspard Ulliel, sans charisme aucun, ne semblent crédibles dans cette relation mal ficelée et tirée par les cheveux.
Relation qui reste creuse, plate sans véritable enjeu, où tout apparaît invraisemblable et décousu, à l'image du style pauvre qu'utilise dans l'écriture laborieuse de sa première pièce, cet usurpateur uniquement intéressé par la réussite rapide et l'argent facile.
Il y avait pourtant dans l'idée et dans l’esprit, matière à attirer et à fasciner notre héros pour cette femme, soit ce fameux Bertrand, envers Eva et sa vie de call-girl, afin de le piéger dans une toile d’araignée digne de ce nom...
Malheureusement cette Eva demeure bien trop froide et absente, bien trop fade et en retrait pour ni passionner vraiment ce jeune homme qui lui ressemble quelque part, ni passionner le spectateur, tandis que d’ailleurs la réciproque est également vraie !
C’était pourtant ici le minimum attendu, le but à atteindre...
Cette réalisation donne ainsi l'impression d'être poussive et paresseuse et là où « Elle » de Paul Verhoeven pouvait déplaire par son message, « Eva » n'arrive même pas à nous en donner cette possibilité.
Dommage de gâcher, voire de saborder ce « drame » qui semblait tout avoir afin d’offrir ce que l'on espérait !