Film sorti au début de l’été et heureusement toujours en salle…le titre français est un rappel un peu appuyé au L.A Confidential de James Ellroy, référence en matière de film noir. Le titre d’origine The Nile Hilton Incident est moins évocateur, et si le film a reçu le Grand Prix du jury au dernier festival international du cinéma policier de Beaune, c’est d’abord une peinture très sombre et sans concession, d’une ville en proie à une corruption endémique qui n’épargne personne. Et pourtant le film qui devait bien entendu être tourné au Caire a vu les services de sécurité égyptiens fermer le plateau trois jours avant le tournage et obliger Tarik Saleh à déménager à Casablanca…il faut avouer qu’à défaut d’être cairote, l’illusion est parfaite… Le scénario s’inspire d’une histoire vraie, le meurtre de la célèbre chanteuse libanaise Suzanne Tamim, dans un palace de Dubai en 2008. Un homme d’affaire égyptien, membre du parlement, proche de la famille du Président Moubarak avait été reconnu coupable d’avoir versé 2 millions de dollars à un haut gradé de la police cairote pour tuer son ancienne maitresse…les deux hommes avaient été condamnés à la grande surprise de la population…Le film mêle donc un crime de sang, à résoudre par un inspecteur dépressif, à la grande histoire , celle de la révolution de janvier 2011, qui couve puis éclate à la fin du film…Le film est porté par un immense et brillant Fares Fares, formidable en inspecteur Nouredin, au bout du rouleau, gominé et clope au bec, visage taillé à la serpe et qui est de tous les plans…enchainant cigarette sur cigarette comme tout bon détective de film noir…il arpente une ville la nuit, à l’étonnante lumière ocre, en tension permanente, ne laissant aucun repos…lors d’une étonnante séquence, la voiture des policiers traverse une rue commerçante grouillante d’animation, la caméra calée sur le siège arrière, capte le système de corruption généralisée , les débiteurs tendant par la fenêtre ouverte les enveloppes de billets….dont une partie revient au commissaire , oncle de Nouredin…cette corruption généralisée n’épargne pas les plus pauvres, car la jeune Salwa, immigrée soudanaise, femme de ménage au Nile Hilton et qui a été témoin du crime, cherche elle aussi à faire chanter l’homme d’affaires avec l’aide d’un responsable de quartier….On oublie l’intrigue policière, assez lâche, pour être confronté à cette ébullition révolutionnaire qui nait en contre point de l’enquête pour mieux éclater à la fin et y engloutir Nouredin…son dernier et vain sursaut de dignité sera balayé….et ce printemps, nous le savons aujourd’hui n’était qu’une illusion…c’est ce qui rend ce film fascinant !!!