Il ne fallait pas bon vivre au temps de Moubarak en Egypte. Une police plus que corrompue, une police sans aucune éthique, qui n'hésite pas à employer des méthodes cruelles pour faire parler des pseudo-coupables, et où l'argent règne en maître même lorsque des policiers sont sur une affaire criminelle. Très bon scénario, avec, pour ma part, un peu de longueur, mais au final avec le repenti du policier, chargé de l'enquête, qui a des remords sur l'affaire étouffée, fait que ce film n'est pas mal. Surtout lorsque Fares Fares (l'acteur principal) est sauvé lors de manifestations très colériques par un citoyen...
Ce film réussi le tour de force de nous faire vivre une histoire policière qui s'imbrique parfaitement (autant par le scénario que par les émotions des personnages) dans la vie en Égypte (nous montrant notamment la corruption) avec pour conséquence le Printemps Arabe, qui est lui-même entre-mêlé dans l'histoire du film. Tout ceci filmé avec des images sales qui nous immergent dans l’ambiance. Le film se clôture avec une scène finale poignante où l’histoire et l’Histoire se rejoignent... On sort du cinéma en ayant voyagé et en s’étant instruit... avec une petite claque quand même... Un très très très bon film.
Excellent thriller, se déroulant au Caire, sur fond d printemps arabe. Une intrigue prenante, dans un milieu où la corruption est la règle. Superbe jeu d'acteur, très belle réalisation, scénario ciselé. A voir absolument.
Un acteur remarquable (mais bon sang quel nez !) pour une plongée dans la corruption de la police égyptienne. L'aspect documentaire est le plus intéressant puisqu'on découvre la réalité de cette société où le chaos semble dominer. Pourtant on sait que le film a en grande partie été tourné à Casablanca (sans doute pour les scènes ne nécessitant aucune contextualisation précise). Sur ce point , on ne peut que conseiller ce film. Cependant, il faut tout de même admettre que sans cet ancrage local, le scénario (agréable au demeurant) est digne d'un épisode de Nestor Burma.
Il est peu dire que je ne suis pas un spécialiste du cinéma égyptien, dont j'ai dû voir en tout et pour tout entre cinq et dix films. Cependant, ce polar très apprécié (et quand on y pense pas franchement égyptien au vu de ceux qui le produisent!) sur fond de corruption politique avait des arguments qu'il sait en définitive bien mettre en valeur. Déjà (et ce alors que le tournage a eu lieu exclusivement à Casablanca!!), l'ambiance poisseuse et glauque du Caire est très bien rendue, cette plongée souvent nocturne dans une enquête complexe mais relativement aboutie donnant lieu à des scènes assez fortes, voire parfois une certaine grâce (la somptueuse Hania Amar n'y est certainement pas étrangère) éclairant la réelle mélancolie de l'œuvre. Le pessimisme a beau dominer, il y a une vraie dimension humaine, ce qui n'empêche pas Tarik Saleh de mettre en lumière la porosité entre police et pouvoir gouvernemental. On ne peut pas dire que cela soit d'une originalité folle, mais au moins est-ce crédible, construit avec rigueur, n'idéalisant pas ses protagonistes et offrant un cadre, un ton (logiquement) différent des polars occidentaux, la réalisation à la fois sèche et sensible de Saleh accentuant cette impression. Je ne peux pas dire que j'ai été captivé : le rythme est parfois un peu lent et l'intrigue en rappelle d'autres, sans doute traitées plus brillamment. Mais on ne peut contester à l'œuvre sa personnalité, son habile allusion au Printemps arabe et sa volonté de décrire un pays en pleine crise politique et morale : à voir.
Bon thriller, bien construit et palpitant, avec un arrière-fond politique courageux. Sans doute une date dans l'histoire du cinéma égyptien, même si le film est une production européenne pour des raisons que l'on devine aisément.
Un flic qui enquête seul, un peu trop seul, jusqu’à se demander s’il ne prend pas pour le Samouraï de Melville. Un flic qui fume plus qu’Humphrey Bogart, oui c’est possible. Un flic, corrompu, comme toute sa corporation, est cela qui a valu au metteur en scène de ne pas pouvoir tourner là-bas, et d’être interdit de rentrer y voir son père ? Un flic qui est protégé par un oncle, mais jusqu’à point ? Un flic avec une bagnole pourrie digne de Colombo. Un flic veuf et dépressif qui vit à côtés de la révolution du printemps arabe sans la voir. Saleh nous offre un film avec des scènes fortes, mais inégal, qui a failli me perdre en route d’un scénario touffu. On pense à Costa-Gavras, mais la dénonciation politique d’un système corrompu n’est qu’un décor pour ce film noir. Le souffle revient lors d’un final poignant, mais pendant un moment, il était dur d’adhérer au parcours de ce Noredin, perdu dans une histoire qui le dépasse. Les références filmiques sont nombreuses, mais il manque la sauce d’accompagnement pour lier le tout et en faire un long métrage exceptionnel. Reste un bon polar et une atmosphère inédite et prenante. Cinéma vo juillet 17
La bonne vieille ambiance du film noir est de retour ! flic paumé et ripoux, costumes crasseux, ville glauque, jolies pépées, meurtres, corruption, clopes sur clopes... grosse différence : tout cela ne se passe pas à LA ou NY, mais dans un Caire surchauffé par une imminente révolution... Yallah !!
Un bon "polar" dont le "plus" est de nous donner un aperçu (réaliste?) de l’Égypte d'aujourd'hui - ou tout du moins du Caire. C'est ce qui le rend différent et intéressant.
Une atmosphère très pesante enveloppe ce voyage au sein de l'Egypte corrompue de la fin de règne de Moubarak. Des personnages ciselés évoluent dans cette pourriture, toute bonté ou beauté éliminées sans scrupule. Ajouter une intrigue bien ficelée et vous avez un vrai bon polar série noire.....
Le jeune cinéaste s’appuie sur l’œuvre de James Ellroy pour transcrire le Los Angeles des années cinquante dans la capitaine égyptienne, bringuebalée par les premiers assauts de la révolution arabe. Une veine sociale qui parcourt l’enquête d’un policier, corrompu comme tous ses collègues, mais qui cette fois retrouve un peu de vertu face à sa hiérarchie effrayée par son entêtement. Tarik Saleh conduit parfaitement sa mission en y prenant tant de plaisirs qu’il surcharge un scénario qui à l’origine ne demandait qu'à appliquer les fondamentaux du film policier sur fond d’agitation sociale. A l’image d’une pâtisserie qui n’en finit pas de crouler sous les friandises, la crème, et le caramel, il se complaît et se perd un peu dans des circonvolutions scéniques qui rendent indigestes le contenu. Fares Fares en tête d’affiche réussit néanmoins à contenir tous les assauts pour figurer un policier faussement familier des salles de torture et de la compromission, avec dans un rôle mineur le plaisir de retrouver l’immense Slimane Dazi. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com