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Olivier Barlet
299 abonnés
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4,5
Publiée le 21 mars 2017
(...) Ce qui à l’extérieur du secret n’est qu’affirmation virile déteint sur ce qui à l’intérieur se voudrait refuge et ne se révèle que piège. La blessure est sans fin. (...) Au-delà, interprété avec une grande intensité et tourné d’une main de maître, Les Initiés porte la blessure de l’intégration impossible quand il faut renier son intimité, la blessure du mépris pour la différence, et une fois le drame accompli et l’impensable retour, le seul choix qui reste : partir pour l’inconnu.
Une lutte des corps et des esprits. Dans ce milieu très fermé des rites d’initiation à l’âge adulte, Trengove filme avec subtilité des personnages gays dans cet environnement foncièrement homophobe. Le cinéaste fait un film violent, sans artifice, par la seule force de son sujet où les tabous poussent vers des extrémités et où les victimes sont aussi les bourreaux.
De nos jours, dans les montagnes du Cap Oriental en Afrique du Sud, comme chaque année, Xolani vient en tant qu'initiateur participer au Ukwaluka. A l'issu de ce rituel de circoncision, qui dure plusieurs semaines, les adolescents seront considérés comme des hommes. Les Initiés pose de nombreuses questions : comment assumer son identité sexuelle, qu'est-ce qu'être un homme, que sont les traditions face au monde moderne... Tout cela n'est pas très original, à ceci près que le contexte dans lequel le réalisateur pose ces problématiques est inédit. On est ici, en Afrique, dans l'évocation d'une tradition ancestrale, dans un rite où l'homme avec un grand H est glorifié. L'Ukwaluka place les protagonistes dans des circonstances où la douleur, la peur, la virilité, l'animalité, le jugement, le poids des ainés, auquel s'ajoute désormais les différences sociales, sont prégnant. Ce sont ces circonstances originales, plus que le parcours du héros, qui donnent tout son intérêt au film. Les comédiens, seconds rôles inclus, sont parfaits. Pour ce qui est de la réalisation, elle est un peu brute sans que l'on sache vraiment s'il s'agit d'un parti-pris ou d'une maladresse.
" les initiés " est un film audacieux car il parle d'un sujet rarement évoque au cinéma l'homosexualité dans une tribue reculée d'Afrique du Sud. j'attendais beaucoup de celui-ci car je trouvais le sujet fort intéressant, certaines séquences sont assez marquante démontrant bien le mal aise d'être gay dans ce pays en particulier dans les zones rurales cependant l'ensemble manque sincèrement de profondeur.
Globalement, ce film courageux manque de contexte. Le spectateur novice ne comprend pas vraiment le sens (et l'utilité) de ce rite d'initiation, qui allie mutilation (circoncision à vif) et humiliation, en particulier pour un jeune « bourge », comme ils disent, intégré dans la vie moderne. Pourquoi s'impose-t-il une telle tradition ? Les Initiés reste donc un film un peu abscons alors que le sujet était riche.
Porté par un chanteur dans son premier rôle au cinéma, Nakhane Touré, criant de sensibilité, ce film traverse toutefois un peu son sujet, parvenant à certains moments de grâce (...) sans réussir à convaincre totalement
Les initiés n'est pas encore sorti en Afrique du Sud mais fait déjà beaucoup réagir car il évoque deux véritables tabous, l'un concernant les rites d'initiation de la culture xhosa, l'autre l'homosexualité, sujet épineux dans une société qui ne veut pas en entendre parler quand elle ne la combat pas frontalement. Ajoutez à cela que le réalisateur est blanc et son acteur principal un chanteur qui ne cache pas ses orientations gay et il n'y a rien d'étonnant à ce que les réseaux sociaux sud-africains soient partagés entre louanges pour le courage de montrer et invectives voire menaces de mort. Vu d'ailleurs, c'est à dire d'ici, et étant donné que le film se passe entièrement dans une communauté close, en forêt, entre instructeurs et initiés, il y avait le danger de scruter le pittoresque du sujet avant de s'intéresser au fond des thèmes traités. John Trengove a évité l'écueil par une mise en scène convulsive, parfois agaçante quand elle est principalement à l'épaule, mais qui se marie bien avec un scénario qui déconstruit la linéarité, s'échappant dans des instants poétiques, finement filmés. Reste qu'il y a une violence prégnante dans ces rapports entre hommes qui semblent tous interroger la masculinité de chacun en se défiant ou en se combattant. Le désir, lui-même, ne peut se résoudre à être synonyme de révélation ou de tendresse mais passe par une lutte également morale. Les initiés est loin de ce qu'on pourrait appeler un film aimable, il est tendu, âpre et sauvage. Avec le maquillage blanc que portent le plus souvent les garçons en cours d'initiation, on pourrait presque employer le terme de primitif.
Ils sont une bande gamins, quelque part en Afrique du Sud, en pleine campagne, mis en rang d'oignons les uns à côté des autres, pendant qu'un instructeur procède à leur circoncision. Il va s'ensuivre pour eux 8 jours à devenir des hommes en soignant les plaies laissées par la circoncision, mais surtout en s'adonnant aux exigences de leurs instructeurs respectifs. Un tel sujet pourrait laisser pantois pendant un film d'une heure et demi. En réalité, "Les Initiés" parle d'autre chose que de ce seul rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte. C'est d'abord l'histoire des relations clairement homosexuelles entre deux instructeurs dans un contexte sociétal où ce type de sexualité est sinon interdite, en tous les cas cachée. Le film est presque fabriqué comme un reportage ethnographique. Le réalisateur tourne autour de ses personnages, sans jamais juger, tout en donnant à regarder des habitus culturels cruels et arriérés. Le trouble sociologique est tout à fait bien filmé grâce à une mise en scène précise et intelligente. "Les Initiés" ne cherche pas la démonstration. Il décrit les difficultés, les discriminations sociales et les tabous d'une certaine société africaine, tout en s'immisçant avec tendresse et beauté dans l'intimité d'une relation amoureuse entre deux hommes, ou d'une relation pédagogique entre un jeune initié et son instructeur. "Les Initiés" est un film original, et surtout rare dans le sujet traité qui évite brillamment les africanismes et les lieux communs.
Un beau film, d'une grande originalité, qui par son scénario et ses acteurs arrive à nous toucher malgré une mise en scène plutôt faible et lancinante. Du beau cinéma efficace et prenant.
La grande force du film c'est à la fois son casting et la véracité. Les deux sont intrinsèquement liés puisque c'est le choix judicieux du casting qui amène une certaine authenticité aux personnages. Nakhane Touré, qui joue Xolani, est chanteur à l'origine. John Trengove l’a rencontré deux ans auparavant et a écrit le rôle en pensant à lui. Tout le reste du casting est aussi porté par des acteurs non-professionnels qui sont passés par des rituels d'initiation dans leur enfance.
Pour une première réalisation, la caméra de John Trengove se focalise sur les visages, leurs émotions, ne détourne pas du regard certaines scènes et thématiques sans pour autant imposer une certaine violence ou des scènes des sexes explicites à ses spectateurs. Les Initiés s'attaque ainsi habilement à plusieurs questions de fond comme qu'est-ce qu'être un homme aujourd'hui, la confrontation entre les jeunes urbains et une société traditionnelle, voire archaïque, ou encore le fossé entre les classes sociales. L'autre grande thématique c'est bien sûr la question de l'amour gay, une pratique encore interdite dans de nombreux pays africains. La photographie du film nous offre aussi de beaux tableaux, notamment lors des scènes de nuit ou de crépuscule. Le film dure seulement 1h30 et son intensité embarque le spectateur dans un voyage culturel intelligent et fort émotionnellement.
Si l'on devait trouver un petit bémol au film, ce serait sans doute l'écriture du scénario qui montrent parfois certains signes de faiblesse dans sa linéarité et une fin un peu expédiée, sans que l'on ne sache vraiment quelles sont les conséquences des péripéties rencontrées par les héros. On sent aussi que tout n'est pas non plus parfait dans la mise en scène, mais on passe outre devant les belles scènes proposées par le film. En tout cas Les Initiés est vraiment un beau premier film, important et presque vital pour l'Afrique du Sud tant il se confronte à des thématiques importantes et tant il marque l'émergence d'un certain cinéma africain. A mon sens Les Initiés s'inscrit dans la lignée de White Shadow, film tanzanien produit par Ryan Gosling sur les Albinos persécutés en Afrique. Aujourd'hui les cinéastes africains se révèlent à travers des films conscients, intelligents et surtout courageux dans une époque toujours marquée par des sujets tabous... Des sujets qui peuvent être une question de vie ou de mort.
"Les Initiés" est un film exceptionnellement touchant et dure qui accompagne le spectateur dans une proximité plus ou moins forte avec les personnages de l'histoire et son thème fort et tabou en Afrique du Sud. Ce film est avant tout une rencontre et une proximité touchante qui nous laisse entrevoir la violence, l'amour, les regards et la sexualité d'une vie d'homosexuel en Afrique. Mise en scène documentaire interessante avec des passages lourdes en sens et permettant d'instaurer une réflexion sur ce thème. Un film dur, émouvant et vrai.
Après Moonlight, voici Les Initiés. Sur un sujet sensiblement identique, l’homosexualité dans un milieu où elle reste fortement tabou, le premier film de John Trengove m’a nettement moins convaincu. Certes, le sujet est fort et édifiant, l’homophobie en Afrique est très présente, plusieurs pays condamnent encore les gays (et jusqu’à la peine de mort !). Le film est pourtant bien fait. Belle mise en scène, scénario plutôt bien écrit (inspiré d’un rite ancestral toujours pratiqué), interprétation solide (comédiens quasiment tous non-professionnels) et images magnifiques. Mais malgré un certain suspens et un dénouement surprenant, mais finalement logique, il manque un petit quelque chose d’indéfinissable pour nous faire adhérer totalement. Et puis je n’ai jamais pu vraiment m’attacher à aucun des personnages. J’ai trouvé l’ensemble assez long et pourtant le film est assez court (1h28). C’est dommage, j’en attendais beaucoup, j’en suis donc sorti un peu déçu. Mais un réalisateur à suivre malgré tout...
En Afrique du Sud, certains jeunes garçons doivent suivre une sorte d'initiation pour devenir de véritables adultes. Xolani a l'habitude chaque année de participer à ce travail des jeunes gens. Pourtant, s'il revient ainsi chaque année est qu'il aime un autre homme également chargé de conduire les adolescents vers l'âge adulte. Malheureusement un des jeunes initiés découvre pourquoi Xolani revient ainsi chaque année.Ce dernier qui accepte la situation sans contester va se retrouver devant un véritable dilemme.
Déception au vu des promesses de cette fiction. En matière d'«initiation», il n'y a... rien, tant au niveau mystique qu'en matière de formation! On est en effet en face d'un simulacre d'initiation (réduit à un détestable charcutage collectif de prépuce!) accompagné de quelques leitmotivs stupides d'expression patriarcale. Hormis la peinture corporelle et l'uniforme imposé, nulle trace d'animisme et encore moins de chamanisme. Le néant. L'issue de ce film, aux allures premières de documentaire, sonne de manière bancale. Introduite par quelques phrases à tonalité pédagogique, on en sent bien trop l'origine artificielle, issue du cerveau du réalisateur-scénariste. Son but consiste à mettre en exergue le clash entre une pensée moderne, à visée de transparence, et un esprit à l'ancienne qui renvoie à une identité sans doute non assumée mais qui préfère opter, pour des raisons qui peuvent rester valables, pour le secret. Nous voilà encore une fois en présence d'une histoire de trio insoluble. Le secret dont nous parle le synopsis ne bénéficie pas d'un traitement suffisamment développé. Malgré une belle photo et quelques belles vues paysagères, c'est beaucoup d'attente au vu du maigre résultat. Ce récit, au-delà de sa force psycho-dramatique finale, laisse une amère impression: on peut se demander ce que vient faire là le personnage de Kwanda, mis à part servir la vue idéologiquespoiler: , à caractère victimiste, de John Trengrove.