Ce film n’est pas pour ceux qui n’aiment pas le rap et / ou les gros mots. C’est un film pour tous ceux qui conçoivent que l’envers du décor américain, la crasse, la graisse et la tôle ondulée, peut faire surgir l’envie de mieux, la passion de vivre, et une sorte d’innocence créatrice qui ne peut pas surgir du luxe ou du simple confort. C’est un film pour tous ceux qui vont et viennent, petitement, lentement, sans assurance. Pour tous ceux qui créent et qui souffrent de ne pas en vivre. Pour tous ceux qui ne suivent pas (Taylor Swift par exemple!). C’est un film pour tous ceux qui aiment regarder longuement pétrir le pain, s’évanouir la rosée, éclore la pivoine. En l’occurrence, là, on assiste à l’éclosion de musique, une fabrication tellement improbable, et finalement tout-à-fait probable. Le réalisateur est dingue de musique (Geremy Jasper), ça se sent, et c’est sans doute ce qu’il fallait pour réussir un tel film (qui en plus n’a rien coûté). Imparfait peut-être (ou forcément), à cause du scénario, mais imperfection qui n’est d’aucun poids face à l’émotion provoquée –la raison de son ovation à Cannes?. Patti est tout dans ce film (jouée par Danielle Macdonald, australienne), une belle grosse pétillante, qui a le sens du rythme et de la répartie. Shakespeare n’a qu’à manger son chapeau, lui dit son copain, mais à côté de ça, elle s’entend dire par un pro qu’elle est un charognard de la culture (un vautour) et qu’elle ferait mieux de rester en cuisine (préparer des absinthes). Elle est du côté de ceux qui sont derrière la porte du rêve américain, enfermés dehors, qui s’entrainent à la sortie d’un tunnel sous l’autoroute, qui galèrent. Pour l’instant. Mais qui gagneront à la fin –très bonne fin de film d’ailleurs.