Pour son premier long métrage, Jérémie Battaglia nous offre une plongée inattendue au cœur d’un sport complexe, exclusivement féminin, devenu discipline olympique en 1984, et pourtant bien mal connu.
Une discipline de fer, un entraînement titanesque mêlant musculation, course, endurance, danse, acrobatie, natation, une technique qui se travaille jusqu’à l’excellence, une perfection qui se recherche même dans l’apparence du groupe, supposé être homogène selon les juges des compétions internationales, quitte à effacer les individualités – la corpulence, évidemment fine et longiligne, doit être identique, tout comme la façon d’être maquillée, coiffée… même la teinte de peau devrait être uniforme !
Pendant près de deux ans, la caméra de Battaglia s’est immergée dans le quotidien de ces jeunes femmes, qui témoignent chacune à sa façon de ses rêves, de la flamme qui les anime, de l’espoir des qualifications, du découragement et de l’injustice ressentis quand celles-ci n’ont pas lieu, de la lassitude face à l’absurdité que la natation synchronisée peut représenter parfois, des interrogations sur leurs réelles motivations ou sur leur avenir une fois l’âge « limite » franchi, puis du retour de cette fameuse petite flamme qui brûle et fait envoler tous les doutes.
Ces danseuses-nageuses se révèlent touchantes par leur sincérité, admirables par leur courage, leur abnégation et leur détermination à se démarquer par leur différence. Portées par une belle amitié, une solidarité à toute épreuve, elles affrontent toute cette folie liée à la quête de la perfection, technique et esthétique, qui peut virer à l’obsession destructrice. Il n’y a qu’à se remémorer cette scène saisissante où chaque nageuse énumère le nombre de blessures, fractures, entorses, commotions cérébrales, ou « simples tendinites » endurées au cours de leur carrière professionnelle [...].