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    Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot
    Note moyenne
    3,5
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    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 23 février 2018
    Don’t Worry se caractérise très vite par son montage chaotique, qui reproduit à l’intérieur du film la désarticulation dont est victime son personnage principal. John Callahan est un jeune homme dont le quotidien est marqué par l’anxiété et l’addiction à la boisson. Quand un accident de voiture le rend paraplégique, le chaos intérieur s’étend au corps, qu’il faut maintenant apprivoiser pour se construire une nouvelle identité sur les restes de l’ancienne.

    Le nouveau film de Gus Van Sant est donc le récit éclaté de la vie de Callahan, un dessinateur satirique américain dont Don’t Worry se veut le biopic. Cette narration impressionniste, tout en flashbacks entremêlés, semble vouloir offrir au personnage un cadre censé lui ressembler. Le problème est que Callahan, malgré son omniprésence, semble vite exclu du film. L’attention est sans cesse détournée vers un montage qui découpe tout ce qui peut l’être, et crée ainsi des effets d’attente, plutôt que des effets de sens.

    Ramené à sa linéarité, Don’t Worry souffre finalement d’un scénario qui n’a pas grand intérêt, si ce n’est celui d’être tiré d’une histoire vraie. Même la mise en scène semble paresseuse, avec ses tics désuets censés nous ramener dans les années 70 : les zooms et les surimpressions s’ajoutent au vernis vintage des costumes et des décors pour recréer quelques lambeaux d’une époque qui méritait peut-être une reconstitution moins superficielle.

    Mais le plus gros problème du film, c’est qu’il se fait en quelque sorte voler la vedette par l’œuvre de Callahan lui-même. Les dessins qui apparaissent régulièrement à l’écran et où se mêlent subtilement l’humour noir et la tendresse, ne font que souligner l’incapacité de Gus Van Sant à traduire cette nuance dans un langage cinématographique. Le regard porté sur le personnage se situe dans une hésitation constante entre le tragique et la satire cruelle, sans jamais parvenir à concilier les deux.

    La dualité de l’artiste que fut Callahan est donc bien présente, mais elle est prise dans une étanchéité entre les deux facettes du personnage qui ne lui rend pas justice. Finalement, on comprend mieux l’homme qu’il a été en mettant bout à bout les quelques échantillons de son œuvre qui apparaissent dans Don’t Worry, qu’en regardant Gus Van Sant assembler dans le désordre ces tranches de vie désarticulées.
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