"Daddy Cool"… ou le prototype de la comédie française aguicheuse, dont la bande-annonce promettait monts et merveilles et qui s’avère, au final, bien décevante ! Tout était pourtant réuni pour faire du film l’une des très bonnes surprises de l’année, avec un sujet pas si commun, un ton gentiment trash, des gamins mignons tout plein, un Vincent Elbaz jamais aussi bon qu’un adulte immature et la toujours parfaite Laurence Arné. J’ai voulu croire que "Daddy Cool" ne subirait pas le même sort que tant de ses prédécesseurs, plus préoccupés par leur pitch que par leur qualité (voir, parmi les derniers en date, "Sous le même toit"). Malheureusement, et malgré cette bonne idée de départ, le film ne fait pas longtemps illusion sur ses limites et sur ses gros défauts. Je passerai rapidement sur l’absence totale d’audace de la mise en scène (mal récurrent des comédies françaises) pour me concentrer sur les deux problèmes majeurs de "Daddy Cool" : son storytelling et son invraisemblable vulgarité. Sur le storytelling, j’ai appris (à tort, j’en conviens !) à me montrer moins exigeant avec les comédies françaises mais là, on dépasse les limites de l’acceptable. Avec un tel pitch, il était indispensable de tenir un rythme soutenu du début à la fin et, surtout, un ton décalé pour ne pas tomber dans le convenu de bas étage. Le réalisateur Maxime Govare se plante dans les deux cas en multipliant, d’une part, les trous d’air narratif et les séquences qui n’en finissent plus
(mention spéciale à la chanson du père qui parait durer 3 heures !)
et en rentrant finalement dans le rang au lieu d’assumer son ton prétendument "rock’n’roll". La promesse était sans doute trop belle… et le réalisateur pas assez talentueux. Il est, à ce titre, effarant de constater le nombre d’axes comiques plein de potentiel qui sont torpillés en vol au profit de vannes ou de personnages bien plus attendus. Ainsi, le meilleur ami d’Adrien (Jean-François Cayrey) n’a pas assez de scènes pour exister, le tonton avocat (Bernard Le Coq) fait de la figuration, l’éditrice (Axelle Lafont) en fait des caisses, les parents des gamins (dont la revenante Vanessa Demouy) sont sous-exploités, Michel Leeb cabotine en beauf… C’est dommage car le temps de présence de ces personnages secondaires à l’écran laisse supposer que le réalisateur voulait s’appuyer sur eux… mais il le fait mal. Il n’y a guère que Grégory Fitoussi qui retient l’attention en nouveau petit ami très propre sur lui (une prestation inédite pour l’acteur). Mais le pire est sans doute le réflexe pavlovien des dialoguistes qui ne peuvent s’empêcher de balancer une insulte ou une vulgarité toutes les 30 secondes. Rarement une comédie ne m’aura paru aussi inutilement grossière. Cette grossièreté va de pair avec la violence des rapports entre les deux héros, beaucoup trop conflictuelle, à mon sens, pour une comédie. Résultat ? On peine à éprouver une quelconque empathie pour les personnages et on regrette que le réalisateur n’ait pas plutôt fait le choix du décalage de la situation, en lieu et place de ce traitement, au final très premier degré. Mais, une fois encore, mon jugement sur le film est, sans doute, dicté par l’attente suscitée par les excellentes bandes-annonces. Car, malgré ses défauts, "Daddy Cool" n’est pas inregardable. Les gamins, par exemple, sont parfaits et s’emparent des meilleures scènes… au point qu’on est déçu qu’elles ne soient pas, au final, plus nombreuses ! Les prestations de Vincent Elbaz et Laurence Arné sont impeccables, même si on aimerait que le premier joue autre chose que les grands gamins et que la seconde bénéficie enfin de rôles plus écrits. Et puis, on rit volontiers à quelques vannes bien senties
(le marché pour que les enfants ne fassent plus caca, les promenades au parc…)
, même quand elles sont prévisibles
(le changement des couches, forcément)
ou scatos
(le retour de soirée éméché où Adrien confond son lit avec la cuvette).
Tout ça ne fera pas oublier, néanmoins, que "Daddy Cool" est un film qui, au bout du compte, n’a rien à dire. Il sera donc oublié très vite…