Du malheureux échec d'un romantisme superficiel. UN BACIO (One Kiss) est l'adaptation de deux romans. Le film aurait pu gagner le statut de chef-d’œuvre si l'option dramatique ne venait pas plomber l'ensemble de manière bien triste...
D'autant qu'il semble difficile d'admettre Antonio capable de ça
. On croit que c'est léger, que ça va le rester et puis... gros virage. C'est trop! En intro, Lorenzo envoie sur un monde trop fade à son goût des papillons, des tas de couleurs. Ça vibre, ça pétille en lui: il ne peut retenir l'expression de sa joie de vivre, de son humeur pimpante. Lui, l'orphelin gay rempli de confiance débordante, ne demande qu'à répandre cette lumineuse allégresse. C'est sans compter le monde adverse, le monde réel, pénible, qui ne l'entend pas de cette oreille. L'école, ce lycée, renferme autant de promesses que de pièges sournois; ce lieu d'expression collective fabuleux recèle aussi de véritables pièges empoisonnés. Pour contrer l'adversité (la bande des "trois co nnasses" de la classe, le virilisme imposé du groupe de sportifs), au lieu de choisir la confrontation intelligente et réfléchie, Lorenzo préfère fuir dans un univers parallèle, aux allures surréalistes ou constitué de solaires apparences. Ce faisant, il multiplie les parenthèses enchantées salvatrices en réponse à ses mésaventures ou aux caps difficiles à franchir. C'est le pari d'un monde merveilleux, sublimatoire, une disposition d'esprit à la fois déraisonnable et enfantine mais toujours optimiste. Il s'adjoint ainsi la compagnie de Blu, dont l'esprit vif et enjoué, aux fausses allures dévergondées, s'avère tout à fait en phase, bien qu'il cache aussi des souffrances refoulées. L'énigmatique sombre mais séduisant Antonio viendra rejoindre la petite bande prometteuse. Ivan Cotroneo a parfaitement réussi la mise en scène de cette histoire d'une facilité faussement évidente. Une pointe pédagogique s'invite en passant, histoire de montrer que les moqueries et le harcèlement (le gay-bashing ou le bullying) pousse pas mal de jeunes gays à des voies ou à des actes suicidaires. Il est cependant dommage que la légèreté de la plus grande partie du film (faite certes de superficialité mais réjouissante) glisse vers une face sinistre...
Ce volet sépulcral montre en effet que le mal ne vient pas que des autres mais qu'il s'immisce également à l'intérieur, au sein de son propre soi aliéné, esclave de ses fantômes et de ses refoulements. Le trio prometteur se brise ainsi sur la réalité malfaisante d'une influence destructrice, non sans nous proposer la version optimiste d'un final alternatif, dont la non-réalité sert de baume autant qu'elle laisse dubitatif.