Il s'agit du deuxième film d'Adam McKay que je vois, après l'excellent The Big Short. Et je dois bien reconnaître que je prends mon pied à chaque fois, admirant alors la capacité de ce réalisateur à casser la vision manichéenne que l'on peut avoir sur une histoire. Non, tous les traders à Wall Street ne sont pas des fins de races. Et comme pour nos amis banquiers, Dick Cheney n'était pas qu'un salaud. Comprenez-moi : on ne sort pas du film en aimant Dick Cheney. Mais pourtant, on finit par réaliser que tout chez lui, n'est peut être pas aussi horrible que l'on peut penser.
Aimant bien ses acteurs, le réal' s'est entouré de l'excellent Christian Bale, du très drôle Steve Carell et de la pimpante Amy Adams. Un très beau trio pour porter une histoire aussi sinueuse que l'individu dans l'ombre de la politique américaine d'une bonne partie de ses 50 dernières années. Et là, il faut de nouveau féliciter Bale pour sa transformation (il le veut son Oscar, dis donc). 30 kg et ça vous change un homme : méconnaissable, c'est je pense, le film où Bale se fond le plus dans son personnage. Pour Amy Adams, je trouve que sorti du DCUniverse, elle se débrouille admirablement bien. Même grimée, elle est impeccable.
On sent que McKay adore raconter des histoires sur son pays. Dans les deux films qui se ressemblent beaucoup, il utilise le même rythme très condensé avec des retours en arrières et des pauses dans la narration pour expliciter un point précis ou remettre des éléments dans leur contexte. Il utilise aussi un narrateur qui s'amuse à casser le quatrième mur. Je trouve l'utilisation de ce procédé assez intelligente et assez utile. Et le narrateur use d'ironie pour remettre les choses en perspectives, très utile dans The Big Short, vraiment moins dans ce film. La narration semble un peu anarchique, un peu trop même. Que la narration ne suive pas une linéarité A-Z n'est pas du tout un problème, loin de là, mais je crois que le film s'égare, tente des "faux" génériques. Ça fait rire, mais derrière je doute de l'utilité concrète de ce procédé. Moins d'artifices auraient pu tout aussi bien faire le job.
Mais bon, on se régalera de voir cet homme, à tendance alcoolique dans sa prime jeunesse, devenir le chef d'orchestre de la politique américaine sous la présidence de Bush Jr. Avec les conséquences que l'on connaît, bien sûr. Mais alors que les hommes paniquent en temps de crise, lui, y voit des opportunités. Un esprit "diabolique" mais assurément aiguisé. Ou comment un petit groupe d'hommes ont eu le pouvoir de déstabiliser une région entière (voir le monde), de "guider" un président américain et de satisfaire une industrie de l'armement par l'occasion. C'est à la fois génial et effrayant à la fois !