La grande qualité de « The Big Short » avait été de rendre accessible un monde particulièrement complexe, celle de « Vice » est de mettre en lumière un homme politique relativement méconnu mais dont les décisions ont eu des impacts majeurs sur le monde de ces 15 dernières années, « Vice » où comment un homme de l’ombre devient l’un des personnages les plus influents dans notre histoire récente.
Comme dans « The Big Short » McKay prend un parti pris et adopte un point de vue clairement orienté (un peu à la Michael Moore), qui peu quasi être assimilé à un pamphlet, mais qui en étant bien documenté et en essayant de rester un maximum factuel, demeure assez proche de la réalité. Ce côté pamphlet est totalement assumé, tout comme le fait de traiter les personnages et les évènements avec satire, emballer de comique une histoire qui est tout le contraire, sans justement jamais oublier de montrer l’aspect dramatique de la réalité. C’est parfois caricatural, mais souvent ça tombe juste et on regarde avec un sourire en coin et désabusé ce spectacle navrant que fût la politique de Bush.
Pour qui s’intéresse un minimum à la politique américaine, on n’apprendra rien de nouveau sur l’aire Bush (le fait qu’il n’ait jamais réellement eu le pouvoir, les raisons de la guerre en Irak, etc.), en revanche, le personnage de Cheney dévoile certains secrets, tout comme les arcanes du pouvoir (comment un homme peu quasiment confisqué tout le pouvoir en toute légalité, …) et à ce titre « Vice » est très réussi. Dommage qu’il s’attarde un peu trop sur l’ascension de Cheney, la 1ere moitié du film connaissant quelques longueurs, en revanche une fois le 11 septembre passé, tout s’accélère et le film trouve un rythme de croisière assez élevé. Le personnage de Cheney gagne alors en profondeur à mesure que ses responsabilités et ses ambitions augmentent, un parallèle bien fait pour un homme aux dents très longues, à la morale très fluctuante, mais à l’intelligence bien plus affûtée que son Président.
Le tout porté à l’écran par un Christian Bale méconnaissable et excellent dans sa performance, prouvant qu’il est l’un des acteurs capables des transformations physiques les plus dingues. D’ailleurs le choix du casting est à saluer, tant les ressemblances physiques sont proches (Colin Powell et Condoleeza Rice sont des quasi sosies), et même les attitudes et le parlé pour certains personnages (on a l’impression de revoir les discours de W.Bush), excellent pour une immersion qui est totale. On lui pardonne alors d’être parfois un peu long et caricatural car au final « Vice » produit bien l’effet escompté : on ressort de là désabusé des effets d’un système politique désastreux et néfaste, mais ce qui fait le plus peur c’est qu’aujourd’hui encore les actions de cet homme de l’ombre ont des répercussions immenses, bien plus qu’Obama ou Trump celui qui a changé la face du monde c’est Cheney, à tel point que les 2 présidents nommés ont été (et sont) bien incapables de modifier la trajectoire impulsée par Dick Cheney, homme à l’image de son pays, puissant, ambitieux mais faisant peu de cas du genre humain et là-dessus « Vice » fait bien passer le message.