Avant tout réservé à un public américain (déjà que l'Histoire de notre pays on a parfois du mal, alors celle des autres...), « Vice », sans faire de révélations fracassantes, apparaît rapidement comme un biopic assez original dans sa forme et percutant sur le fond. Plus la carrière d'Adam McKay avance, plus celui-ci semble vouloir lui donner un tournant politique, qu'il assume donc totalement ici. Audacieux également de s'intéresser à un homme de l'ombre, sans le moindre charisme, resté finalement presque peu connu alors qu'il était juste vice-président des États-Unis... Tout aussi intéressant de découvrir que celui-ci était quasiment le « cerveau » de George W. Bush, notamment lors de la désastreuse et funeste intervention américaine en Irak. Le film s'arrête longuement et logiquement sur cet aspect, même si l'on regrette un peu, du coup, que ce dernier ne s'attarde plus longtemps sur d'autres aspects de ces huit années de pouvoir, les événements pouvant apparaître parfois un peu complexes si l'on n'est pas « spécialiste » du sujet. Ce sont mes seules (légères) réserves, le parcours du bonhomme étant décrit avec précision, mettant bien en avant sa dimension totalement insaisissable, mystérieuse, jusque dans sa façon de se déplacer, s'exprimer (on a l'impression que chaque mot est difficile à prononcer) ou encore son absence quasi-totale d'empathie
(l'homosexualité de sa file restant l'heureuse exception, et encore, mise à mal par la suite)
. Dans ce rôle complexe, Christian Bale livre une nouvelle prestation « transformiste » étonnante, bien secondé par Sam Rockwell et surtout Steve Carell, ma chérie d'amour Amy Adams m'ayant semblé moins éclatante que de coutume. Sincèrement, je ne suis pas sûr qu'il y avait vraiment moyen de faire un meilleur film, les saillies humoristiques
(ce générique façon « La Petite maison dans la prairie » en plein milieu ne semblant jamais s'arrêter, ce narrateur dont on ne découvre l'identité que dans les dernières minutes ou encore le « débat » dans les dernières minutes, j'ai trouvé ça vraiment savoureux)
comme les apartés cyniques au possible ou donnant une vraie personnalité à ce biopic pas comme les autres. En tout cas, voilà un titre qui, à défaut de captiver (pas simple, au vu du sujet), mérite indéniablement qu'on y jette un œil attentif.