Chambre à part dans la vie
Et puis il y a Yolande Moreau, avec toute sa générosité qui déborde. Une actrice rare, une âme élégante, un physique à part qui parfois désarme par la bonté qu’il dégage.
« De toutes mes forces « est un film particulier, un passage dans la vie de Nassim qui lutte pour rester dans la normalité bourgeoise, qui se débat pour ne pas être dévoré par le système.
Impitoyable le système, dès lors que l’on se retrouve orphelin. Le foyer à 17 ans c’est un peu tard pour s’habituer et jouer les fanfarons.
Nassim qui portait sa mère, une femme dévastée par la drogue, puis les médicaments. Lui est un vaillant soldat, droit dans ses bottes au Lycée, amoureux de la soeur de son meilleur pote, une belle fille brillante et pleine de confiance. Il est souvent chez eux, une famille de Bobo, des proches qui sont incapables d’imaginer une seconde la vie et le désarroi de Nassim. Ce dernier semble si épanoui, drôle et heureux, le bougre sait faire semblant. C’est dans le déni qu’il navigue et il ne veut ni compassion, ni pitié.
Puis sa mère s’en va et le voilà désarmé, en foyer, avec des sales gosses, des bras cassés, des coeurs brisés. Alors il se révolte, il ne veut pas de ce monde.
Dirigé par Mme Cousin (Yolande Moreau) le centre est comme une famille où la Daronne distribue les punitions et la tendresse. On rencontre Zawady qui veut se battre pour être médecin, qui s’acharne à apprendre pour sa deuxième année, une force de la nature. Mina qui se donne au premier venu, sans pudeur ni retenu ou Moussa qui danse comme en lévitation.
Nassim va finir par les comprendre et les rejoindre. Dans ce monde à part, où seule ta volonté peut t’en sortir car malgré toute la compréhension de la directrice, l’Etat t’a déjà mis au rencard. Une sombre histoire sans fin, un passage dans la vie de ces jeunes oubliés par la société.
Khaled Alouach est un jeune Pierre Niney qui s’ignore encore.
Chad Chenouga nous donne son témoignage, sa réalisation est parfois fragile mais son regard est juste et accusateur. Ce film nous rappelle un peu « Patients » mais avec moins d’ironie et moins de pardon.
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