A faire découvrir ou à redécouvrir ? Le cahier des charges est plein, mais ne permet pas de répondre à cette question. L’adaptation commandée par Netflix passe à côté de nombreuses opportunités et fait l’impasse devant la lourde tâche qu’est le monumental « FullMetal Alchemist ». Mais à force de chatouiller l’attente des fans, le projet s’engouffre dans un cul de sac, où l’incohérence et le manque de consistance ne fait rien pour relever le niveau. Mariage entre les deux animés, l’œuvre se retrouve démunie de repères concrets. On ne parvient pas à cerner où l’intrigue souhaite en venir. Le récit se contente ainsi d’aligner et de superposer bêtement des scènes clés, en négligeant l’émotion et la mise en scène nécessaire pour une adaptation réussie. Le calque parfait ne peut répondre à nos attentes, car on ne sera que dégoûté de cette fresque sans saveur, ou pour ceux qui le découvre, ils ne comprendront pas le symbolisme.
On peut encore se laisser surprendre par le côté nostalgie qui nous rattrape. Mais dès que l’on vient proposer une déviation de script d’origine, c’est le chaos. Deux frères, intimement liés par leur fantasme de retrouver une vie normale, sont confrontés à des forces divines que l’on aborde avec peu de recul. De l’échange équivalent ? Cela reste à confirmer. Il n’est pas étonnant de voir survoler l’exploration éthique afin de se concentrer sur le développement des personnages et vice-versa. Cependant, la confusion règne au cœur d’un scénario qui ne prend pas son temps. On avance, sans lier l’essentiel sur le plan suivant. On finit par s’impatienter dans un amas d’effets à gogo et dans des performances anecdotiques.
Si le récit voulait se concentrer sur les frères Elric, il n’expose pas bien ses arguments. On comprend évidemment d’où vient le mal chez l’homme, et que les pêchés reviennent les hantés pour leur maladresse. Il y a beaucoup à décrire, mais à aucun moment on ressent l’intention de reconstruire l’entièreté du matériau de base. Mais prendre des raccourcis revient au même dans le sens où l’aventure est décousue dans son ensemble. Quelques initiatives auraient pu rafraichir et récompenser l’audace des scénaristes, mais il y a toujours un moment d’égarement qui vient rétablir la confusion.
Où est donc passé le mouvement ? Les interactions sont des éléments qui touchent davantage l’aspect surnaturel et on effleure à peine le sujet. Il n’y a plus d’inertie, mais que des images reconstituées. Ce n’est plus une adaptation, mais une reconstitution qui s’adresse à l’élite, sans pour autant qu’il approuve la démarche. Ce « Fullmetal Alchemist » de Netflix tombe dans tous les pièges possibles. On ne ressent pas de motivation sur l’écran. Tout s’oublie et s’efface, comme ces effets spéciaux qui demandent trop de rigueur pour qu’on prenne au sérieux cette réalisation. Il n’y a pas d’alchimie qui tienne entre un scénario bancal, faute de dresser un portrait condensé d’une quête mystique, et entre des interprétations qui se résument à la lecture de planches décolorées. Les producteurs n’ont pas su jauger l’impact de la transposition, car c’est vraisemblablement le maillon faible du film.