Il figure parmi les manga les plus réputés et les mieux vendus des deux dernières décennies, ce qui correspond plus ou moins à l’époque où j’ai arrêté d’en regarder ou d’en lire sur une base régulière. Histoire de maintenir un minimum d’effet de surprise envers un scénario dont la principale vertu devait être de me résumer en deux heures de temps l’équivalent de 27 tomes et 51 épisodes télévisés, je n’ai donc pas pris la peine de me renseigner en profondeur sur le contenu du manga ou de l’Anime, juste sur les bases conceptuelles : dans ‘Fullmetal alchemist’, ce sont deux frères alchimistes, l’un avec des membres mécaniques, l’autre simple âme errante scellée dans une armure, qui voyagent dans une pseudo Mitteleuropa du début du 20ème siècle, à la recherche de la pierre philosophale. Cette adaptation Live est un blockbuster produit par Netflix, ce qui signifie que le résultat disposait de moyens dont le cinéma populaire japonais n’ose même pas rêver quand il fonctionne sur fonds propres. Evidemment, les plans numériques et les effets spéciaux sont ultra voyants, d’une qualité qui renvoie quelques années en arrière par rapport aux standards de qualité du blockbuster hollywoodien mais rien qui puisse nuire au spectacle, sans compter qu’à tort ou à raison, on se montre bien plus tolérant quand on sait qu’il s’agit d’un manga au départ. D’ailleurs, chaque élément de l’adaptation fait de son mieux pour qu’on se rappelle bien qu’on est dans un manga, et surtout les acteurs, véritables clichés ambulants de la méthode de fabrication des personnages d’Anime : entre le héros mystérieux qui s’énerve comme un bébé quand on mentionne sa petite taille, les méchants homoncules mono-expressifs à qui on a demandé de coller exclusivement à leurs patronymes de péché capital, la palme revient toutefois à celle qui est supposée être la super mécanicienne capable de réparer les deux frangins en un tour de clé à molette et dont l’incarnation à l’écran relève simplement du fantasme obligatoire du cadre nippon en plein burn-out, celui de la lycéenne nymphette gourde et piaillante, auquel il ne manque sans doute que des oreilles de chats et une petite culotte apparente. Les obsédés de la Japanimation ne devraient pas vraiment prendre ombrage de ce symptôme de grande fidélité envers la forme et le fond...mais le revers de la médaille est que ce portage ne s’adresse sans doute qu’à eux. Ceux qui connaissent la trame du manga sur le bout des doigts noteront les nombreuses ellipses et lacunes du scénario...mais ceux qui n’y connaissent rien devineront sans peine qu’elles sont nombreuses, tant les tenants et les aboutissants de l’histoire deviennent assez obscurs pour le néophyte à mesure que la trame se complexifie. Même remarque pour l’univers, plutôt intéressant en apparence, mais qui n’est que survolé. A la décharge du film de Fumihiko Sori, c’est le lot de pratiquement toutes les adaptations d’anime ou de BD européennes, qui préfèrent protester de leur fidélité en agitant les références et les scènes-cultes au lieu de s’approprier le matériau.