Troisième opus de la saga Deadpool (ou presque, car le film est très peu dans la lignée des 2 précédents finalement), avec le grand retour de Hugh Jackman en Wolverine, film de transition d'une franchise qui change carrément d'univers cinématographique, en ressort un résultat inégal mais tout de même plaisant.
Le film nous embarque dans le désert apocalyptique multiversel qu'est le Void, pour un best-of de la partie Fox de l'ère 2000 des super-héros. Une phrase qui décrit finalement pas mal le scénario, qui malheureusement peine à dépasser ce stade. L'arc de Wade est finalement assez semblable à celui du 2, ce sont surtout les enjeux qui sont montés
volonté de tout lâcher, possibilité de rejoindre une équipe connue, volonté de devenir un vrai super-héros, tentative de sacrifice finale
, ce qui n'est pas si surprenant puisque la X-Force a disparu entre les 2 opus sans même une mention. Les étapes de l'intrigue s'enchaînent sans cohérence globale, les cordes scénaristiques à ce point venant ponctuer chaque transition, et c'est bien dommage. Le film tente d'ailleurs d'avoir une cohérence, classique pour le MCU, sans pour autant empêcher des incohérences
comme un voyage multiversel de Deadpool en début de film sur la terre 616 jamais expliqué
, même sur l'aspect méta de son antihéros, ce dernier ne reconnaissant pas la TVA tout en citant l'épisode exact de Loki duquel vient Alioth.
Visuellement, la direction de Levy nous fait clairement Leitch, son plus grand exploit ici étant de retranscrire de façon lisible des chorégraphies inventives, mais on reste bien loin des Bullet Train et Fall Guy que le réalisateur du second opus est parti faire de son côté. Les différents caméos ne sont d'ailleurs pas utilisés comme une occasion de rendre hommage à leurs styles visuels, pourtant bien distincts... bref, acte de présence, rien de plus. Heureusement que les costumes sont magnifiques et pètent à l'écran.
Heureusement, le film brille sur sa comédie qui, certes peut être lourdingue pour certains, mais mitraille tellement de vannes différentes, parfois très subtiles, qu'il devrait réussir statistiquement à faire mouche. Les enjeux émotionnels par contre n'arrivent pas au niveau des précédents,
déjà parce que c'est la troisième fois que Wade commence sans être avec Vanessa et finit avec Vanessa... à croire que les auteurs refusent d'aborder Deadpool dans sa vie de couple
, et c'est bien dommage, car la fin du second opus menait à une voie logique pour le personnage, celle qui l'a toujours ramené à la réalité dans les comics, en particulier The Good, The Bad and The Ugly qui est pourtant référencé dans ce film, et qui aurait pu servir de magnifique écho avec Wolverine,
à savoir le rapport à la parentalité, qui aurait pu justifier l'objectif du personnage, rendu plus personnel sa quête si Vanessa était enceinte, et surtout recréé l'arc de Logan avec Deadpool et Wolverine en même temps, aboutissant au sacrifice pour sauver leur deux enfants
.
Cependant, même si cette vision sans fond sera sûrement celle de beaucoup, et c'est dommage, force est de constater que pour les connaisseurs, le film a bien de la profondeur et de la subtilité dans son récit meta. De ce point de vue, les étapes du récit et surtout les caméos sont, non seulement cohérents, mais extrêmement bien choisis,
les dialogues avec Favreau au début étant une excellente mise en place de l'enjeu d'adaptation du personnage au MCU, et quand on connaît son parcours chez Marvel Studios, "Vise le milieu" sonne très très juste
. Le film a compris les enjeux du rachat, du MCU, du Multivers, de la politique de Marvel Studios, de l'évolution des franchises bref... le propos est là, posé, et même si on regrette qu'ils ne les développent pas tant que ça, il faut reconnaître au film qu'il sait ce qu'il fait sur ce plan, et réussit plutôt bien sa célébration de cette époque, cette période, ces univers, ces franchises...
Le seul point noir qui toutefois affecte les 2 côtés de l'histoire : la méchante manque d'arc intéressant, d'origine, son choix est tout à fait incompréhensible, tant elle est liée à un personnage absent, et surtout en rien reliée aux films de la Fox. L'ancien Hulk de Universal par exemple aurait été 1000 fois plus cohérent par exemple. On ne retiendra d'elle que son effet visuel très sympathique.
Bref, en demi-teinte, mais le film reste plaisant, avec une représentation de Deadpool encore meilleure qu'avant, un Wolverine toujours au top porté par Jackman, et une dynamique de duo qui crève l'écran en faisant tourner la majorité des scènes sans problème (ce qui ne marche pas avec n'importe qui), et finalement on ne regrette pas que cette performance se fasse avec ceux qui resteront sûrement à jamais les 2 acteurs les plus iconiques de leurs personnages respectifs.