Il y a 2 ans, le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen nous avait infligé "Que dios nos perdone", un polar trop long et très mal construit, le spectateur se trouvant très souvent complètement perdu. Il n'empêche : ce film avait été très bien reçu par la presse et par beaucoup de spectateurs, tant mieux pour eux ! Et voilà que ce même Sorogoyen récidive, avec toutefois une nuance importante qui sera développée plus loin. En effet, il y a plusieurs angles pour dire ce qu'on pense d'un film. D'un point de vue purement cinématographique, il y avait une qualité que le cinéma à l'ancienne avait et, particulièrement, le cinéma américain : les personnages importants étaient, de façon précise, très vite caractérisés. Dans "El Reino", au bout de 2 h 11 minutes de films, on n'a toujours pas compris le rôle exact de plus des 3/4 des personnages, tout est confus, brouillon, quasiment incompréhensible. Certes, une bonne partie du problème provient de la vision par nous, français ne parlant pas l'espagnol, de la version originale sous-titré : les dialogues sont tellement rapides que le sous-titrage n'arrive pas à suivre et, avec ce texte qu'on lit, on perd une grande partie de ces dialogues. Comme m'a dit un ami hispanophone : ce film doit être pratiquement incompréhensible pour des non hispanophones ! Je confirme ! Par contre, il y a quelque chose qu'on comprend très bien, malgré tout, et là, c'est un deuxième angle, celui de la nuance évoquée ci-dessus, l'angle politique. Ce qu'on comprend très bien, je dirais même trop bien, c'est le désir du réalisateur et co-scénariste du film de montrer qu'on vit dans une société où absolument tout le monde est pourri, tout particulièrement les politiques, de quelque bord que ce soit et les journalistes. Et là, trop c'est trop, et, d'une certaine façon, par ses relents poujado/trumpiste, ce film arrive à être carrément puant car on sait trop, malheureusement, où conduisent très souvent de telles dénonciations tout azimut. On terminera par 2 remarques : j'avais cru comprendre que, en plus, le film souffrait d'un accompagnement de musique techno quasiment permanent. Oui, il y a bien de la musique techno, elle est d'une grande médiocrité (pouvait il en être autrement ?), mais, elle n'est pas là en permanence, heureusement ; ensuite, il y a dans "El Reino" la présence de l'excellente comédienne Barbara Lennie (la journaliste Amaia Marin) : on la retrouvera le 8 mai prochain dans "Petra", un film autrement plus intéressant que "El Reino".