Je lisais il y a quelques temps que le gros problème des productions Netflix, c’est que même quand elles étaient bonnes, elles n’étaient pas aussi bonnes qu’elles auraient pu l’être...un peu comme si, débarrassés des producteurs tatillons et obsédés par le retour sur investissement, les réal’ ne savaient pas trop quoi faire de cette liberté absolue et livraient continuellement des Director’s cut maladroits. Cette problématique est parfaitement illustrée par ‘Le bon apôtre’, qui est un bon film alors qu’il avait de quoi être un Grand film. L’histoire est simple : au début du 20ème siècle, un type se rend sur une île pour délivrer sa soeur prisonnière d’une secte. Le réalisateur, c’est Gareth Evans, un Gallois qui profita de son expatriation en Indonésie pour y tourner les deux ‘The raid’, rapidement considérés comme les films d’action les plus explosifs des années 2010. Ici, on annonce un film d’horreur en costumes d’époque : en terme d’horreur, on n’est pas vraiment dans la logique du train fantôme hollywoodien fertile en jump-scares mais plutôt dans l’ambiance sombre et confusément malsaine des vieux films de la Hammer, ‘The wicker man’ en tête (le vrai, pas la comédie avec Nicolas Cage) ou, plus récemment, ceux de Ben Wheatley et son obsession d’un paganisme souterrain qui serait toujours bien présent en Grande-Bretagne. Pourtant, Evans ne parvient jamais à créer une atmosphère aussi évocatrice que dans ses modèles avoués : tout paraît un peu trop réel, trop prosaïque, et s’il adjoint à la recette quelques touches gores réussies (deux impressionnantes machines de torture, une plongée dans un ruisseau souterrain de sang et de débris organiques,...), ce n’est pas suffisant. Dans le même ordre d’idées, les deux heures qui dure le film auraient du permettre d’élaborer des personnages qui fassent preuve d’un tantinet de profondeur...mais aucun ne sort véritablement du lot ni ne s’impose comme une figure mémorable, malgré le bon niveau global des acteurs. Et tout le film est comme ça, objectivement passable mais insatisfaisant, comme si on avait la certitude à chaque seconde qu’il aurait été possible de faire beaucoup mieux avec une telle base. Il n’y a que dans la violence physique, viscérale à souhait, que Gareth Evans obtient de bons résultats, ce qui n’est guère étonnant vu son pedigree...mais ce n’est pas comme si ‘Le bon apôtre’ reposait majoritairement là dessus.