Au Canada, on n’a pas d’argent mais on a des idées…et quelque part, c’est parfois dommage (pas d’avoir des idées hein, mais de ne pas avoir d’argent pour leur donner corps). Les petites productions de genre qui viennent de ce pays disposent souvent d’un peu plus d’originalité, de peps ou de fraîcheur que leurs voisines américains…mais on ressent douloureusement à l’écran qu’elles disposent de vingt fois moins de ressources, tandis que ceux qui les réalisent sont, au mieux, de simples faiseurs aux compétences génériques. ‘Parallel’ souffre plus que tout autre de cette situation : son rendu de téléfilm, son absence totale de prestance visuelle et ses acteurs transparents donnent envie d’écourter la séance…et pourtant, on s’accroche à son scénario qui commence sagement et finit par dévoiler, à allure réduite, le mindfuck qu’on espérait. Quatre colocataires dans la dèche découvrent dans leur grenier un miroir qui fait office de porte dimensionnelle, celle-ci ouvrant sur des versions alternatives de leur réalité, où le temps s’écoule différemment et où de nombreux éléments secondaires (les créations artistiques et scientifiques par exemple) sont différentes. Très vite, ils décident d’exploiter cet “avantage déloyal” pour améliorer leur situation personnelle. N’escomptez pas des paradoxes temporels vertigineux, de l’action effrénée, des dialogues percutants (c’est bavard mais au moins, ce n’est pas trop mal écrit) : je vous ai dit que le film n’avait pas beaucoup de moyens. D’ailleurs, on voit peu l’autre monde, juste ce que les quatre potes en ramènent ou les conséquences de leurs escapades dans le monde réel et pour qu’on ne s’y perde pas trop, ‘Parallel’ n’a eu d’autre choix que de figurer les réalités alternatives par une caméra de travers et un filtre bleuâtre dégueulasse. Pourtant, le scénario tient la route et sauve à peu près la séance, son meilleur atout étant qu’il n’assomme pas le spectateur sous les paradoxes mais s’apparente plutôt à une version transdimensionnelle de ‘Petits meurtres entre amis”.