Le pitch : Le quotidien relativement tranquille de Doctor Strange est troublé par l’arrivée inopinée d’America Chavez, une jeune fille ayant la capacité de voyager à travers les univers. Poursuivie par des forces maléfiques, Stephen Strange lui viendra en aide en comptant sur l’aide d’anciens et de nouveaux alliés.
La critique : 28e film du MCU, ce deuxième opus de Doctor Strange est réalisé par Sam Raimi, réalisateur à la patte horrifique certaine. Dès lors, on était en droit de se demander qui de Raimi ou du moule MCU allait imposer sa marque sur ce film… Serait-on plus proche d’un film d’auteur comme les Eternels, ou alors d’un énième film sans saveur à la Spider NWH ? La réponse est à nuancer, assurément.
Ce qui saute aux yeux en voyant ce film, c’est qu’il est singulier dans le paysage Marvel, car contenant de nombreux éléments d horrifiques. Jumps scares, sang, zombies, forces occultes, œil arraché, etc … Sur le papier, la proposition est intéressante et inédite dans l’univers Marvel. Le défaut principal de ces éléments étant qu’ils ne sont pas poussés au bout de leur potentiel, à l’exception d’une scène particulière. De fait, le film ne fait que rarement véritablement peur, sûrement pour rentrer dans la case Tout public chère à Kevin Feige.
Raimi se dilue donc dans le moule MCU, même si ce n’est pas forcément négatif à tous points de vue. Les effets spéciaux sont toujours de qualité (contrairement à Moon Knight), et les scènes d’actions sont rythmées et prenantes ( l’une d’entre elles étant tout bonnement à couper le souffle par sa violence). Néanmoins sa réalisation reste reconnaissable avec des plongées dans le regard des personnages, une utilisation importante des reflets, des hurlements face caméra, ainsi qu’une certaine niaiserie dans les actions de certains personnages. La musique du film quant à elle, ne m’a pas particulièrement scotché, bien qu’elle soit mise à l’honneur lors d’une séquence de combat novatrice…
Spoilers
Pour ce qui est de l’histoire, elle tourne autour de personnages déjà établis du MCU, visages familiers des spectateurs. Commençons par Stephen Strange. Son développement personnel dans ce film passera par la thématique du « bonheur », ce dernier étant sans arrêt évoqué par les personnages gravitant autour de lui. Et le film ne répondra pas véritablement à cette question, mais il aura au moins le mérite de confronter Stephen à ses problèmes personnels, que ce soit à travers le miroir que sont les autres versions de lui-même à travers le multivers, ou encore via sa relation avec Christine. Cette dernière est d’ailleurs bien mieux mise en valeur que dans le premier opus. Elle prend une part intégrante des aventures du Docteur, et leur relation pleine de non-dits connait une conclusion touchante et humaine. Elle est bienvenue pour Strange, qui est un peu plus humanisé par ce biais, lui qui parait parfois si distant et froid vis-à-vis des sentiments humains.
Pour ce qui est des autres alliés de Stephen, on retrouve Wong, qui ne sert pas à grand-chose il faut bien l’avouer. Il occupe le rôle du sidekick, classique des œuvres super-héroïques. Son développement est inexistant, mais on ne s’en émeut pas trop. America Chavez est le McGuffin du film, plus outil scénaristique que personnage secondaire. L’interprétation de Xochitl Gomez donne néanmoins de la sympathie pour le personnage, et l’on s’attache rapidement à elle sans que l’on ne sache trop pourquoi.
Face au Doctor Strange, on trouve donc La Sorcière Rouge, alias Wanda Maximoff. Le choix est audacieux, car de mémoire c’est la première fois que Marvel utilise l’un de ses personnages catalogués comme héros pour l’utiliser comme villain. Le choix est payant, et est même le point fort du film. Au-delà de l’interprétation pleine en puissance et en émotion d’une Elizabeth Olsen décidemment parfaite pour le rôle, les motivations de Wanda sont profondément humaines. A la recherche de ses enfants, elle vit sa situation héritée des événements de WandaVision et Avengers Infinity War comme une profonde injustice. Toujours instable psychologiquement mais aussi prête à tout pour atteindre son idéal du bonheur, elle fera preuve d’une détermination à toute épreuve, jusqu’à franchir de nombreux interdits. Tantôt ensorcelante, tantôt démoniaque, la sorcière rouge plane sur les évènements du film, véritable force inarrêtable qui insinue la peur dans le cœur des héros.[/spoiler]
En résumé : Proposition originale dans le paysage du MCU, Doctor Strange deuxième volet est frustrant par moment car il ne va pas pleinement au bout des situations qu’il amorce. Néanmoins, le film dispose d’un rythme soutenu, de scènes d’actions de haut vol, d’une direction artistique personnelle de son réalisateur, de personnages que l’on prend plaisir à retrouver et d’un antagoniste parmi les plus marquants de son univers. Tous ces facteurs rendent les aventures du docteur plaisantes à suivre pour le spectateur, qu’il soit fan du MCU ou non.